Algériens ingrats ?
Par Mohamed K. – Le coup de gueule de nos frères tunisiens après la vague d’indignation provoquée par la décision du pouvoir en Algérie de déposer 150 millions de dollars à la Banque centrale de Tunisie est largement justifié. Il pose la question de savoir si nous sommes à ce point devenus amnésiques et ingrats. Avons-nous déjà oublié les sacrifices consentis par nos frères tunisiens durant la Guerre de libération nationale ? Avons-nous effacé de notre mémoire, pourtant si vivace quand il s’agit de la Révolution armée, la mort de ces Tunisiens tombés lors du bombardement sauvage commis par l’armée coloniale à Sakiet Sidi Youcef ?
Que représentent 150 millions de dollars devant le sang qui a coulé dans cette ville frontalière de la Tunisie qui a payé cher le prix de son soutien indéfectible et assumé à la cause algérienne ? Ne faut-il pas, au contraire, intégrer les martyrs tunisiens tombés lors de ce raid meurtrier dans la liste des ayant-droits auxquels le ministère des Moudjahidine verse une pension mensuelle pour leur participation à la Guerre de libération nationale ? Au lieu de cela, des Algériens oublieux et arrogants traitent nos frères tunisiens par-dessus la jambe, alors qu’ils savent, eux qui accourent vers les stations balnéaires essaimées le long des 1 400 kilomètres de plages dorées et propres, les progrès sociaux indéniables réalisés par ce peuple qui a été le premier à renverser le régime dictatorial, sans effusion de sang, et à négocier le virage démocratique sans grabuges, hormis les tentatives avortées des extrémistes religieux, vite repoussées par une société tunisienne cultivée et mature.
Serions-nous jaloux de nos frères tunisiens qui ont passé avec succès l’examen de la démocratie pendant que nous en sommes encore à réclamer un changement qui ne vient pas ? II est grand temps que nous autres Algériens fassions un travail en profondeur sur nous-mêmes et que nous nous défassions, une fois pour toutes, de notre arrogance légendaire qui nous a conduits droit dans le mur, si bien que près de soixante ans après l’indépendance, nous sommes plus dépendants que jamais du bon vouloir des puissances étrangères qui assurent notre pitance en contrepartie de richesses souterraines qui existent naturellement et qui ne s’inventent pas. Si nous avons des dollars, ce n’est donc sûrement pas grâce à notre intelligence.
Apprenons à être modestes et à reconnaître nos faiblesses, nos carences et nos failles !
M. K.
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