Le néo-peuple algérien du 22 Février

manif un an
Une année déjà, le Mouvement populaire toujours debout. D. R.

Mesloub Khider Depuis un an, l’Algérie est devenue la Mecque de la contestation. Tous les humbles regards prolétaires du monde entier se tournent vers l’Algérie pour prier en chœur à la victoire du peuple algérien en lutte contre le système, l’injustice sociale, le despotisme politique, militaire et judiciaire, la dictature de l’argent, l’omnipotence de l’oligarchie prédatrice des deniers publics. Chaque mardi et vendredi, sur leur écran, ils dirigent leurs espoirs sur cette Algérie revigorée, rénovée, portée par une jeunesse avide de liberté et d’égalité sociale.

Ainsi, pour ce «52e vendredi», les Algériens troquent le tapis contre l’asphalte pour célébrer en chœur l’An I du soulèvement populaire.

Troquent la prosternation religieuse contre la protestation politique. La soumission au Ciel contre le soulèvement contre les cimes du pouvoir. Le silence étouffant des salles de prière contre le grondement expressif de la révolte joyeuse piétonnière. Le paradis céleste hypothétique impalpable contre l’Eden terrestre, réellement authentique à portée de main. La discrimination sexuelle des lieux de prière contre la mixité égalitaire humaine dans les espaces publics de liberté en lutte.

Troquent la peur individuelle des autorités divine et étatique contre l’assurance téméraire collective du peuple désormais confiant en sa force combative inébranlable et invincible. La résignation religieuse au sort de l’homme contre l’indignation politique pour révolutionner la vie de l’Algérien. La controverse stérile religieuse, vecteur de division, contre le débat politique fécond ferment d’union.

Les discussions irrationnelles sur la taille de la barbe et la longueur du hidjab contre le débat rigoureux portant sur la forme de gouvernement démocratique à établir collectivement et sur le projet de société égalitaire à instaurer en Algérie.

La tristesse déprimante d’une vie studieuse écrasée par la misère contre l’enchantement galvanisant de la nouvelle existence séditieuse, animée d’une intrépide volonté de transformer la société algérienne pour une vie sociale meilleure, une scène politique assainie, une économie purifiée mise au service des besoins sociaux et non du profit.

Les dommageables dissensions ethniques et religieuses préjudiciables au pays contre l’union du peuple laborieux algérien, édifiée au-delà de ses artificiels clivages archaïques souvent actionnés par un clan du pouvoir aux fins de cultiver et de fomenter la pernicieuse division, profitable qu’aux oligarques maffieux du régime, toujours opérationnels au sein du régime survivant.

Troquent l’illusoire croyance en tous les partis d’opposition affidés contre l’affirmation du peuple laborieux algérien d’être l’unique véridique et probe représentant collectif oppositionnel, apte à apporter le changement, agent de la transformation socioéconomique et politique authentiquement révolutionnaire.

La focalisation du regard vers l’Orient féodal contre l’orientation de la vision sur des optiques culturelles et cultuelles nationales conformes aux valeurs algériennes contemporaines et à la modernité universelle progressiste.

La propension renégate de la fuite vers l’étranger décadent contre la proclamation patriotique de bâtir leur destin hic et nunc dans leur propre pays révolutionné.

La mentalité de colonisé instillé et entretenu par les pouvoirs dominants locaux vassalisés contre l’esprit révolutionnaire déterminé à rendre gorge aux exploiteurs autochtones, et résolu à combattre les impérialistes de tous bords convoitant les richesses de l’Algérie ou animés par des velléités de déstabilisation du pays.

La posture de pions sur l’échiquier national manœuvré par des imposteurs révolutionnaires des frontières contre la fonction de maîtres des enjeux politiques de la nation, résolus à se réapproprier les règles du jeu du sort du pays depuis 1962 écrasé par la loi du plus fort, parasité par l’esprit gouvernemental retors.

Les mœurs patriarcales discriminatoires perpétuées perversement par les islamistes contre l’esprit d’égalité des sexes, catalyseur d’une nouvelle société algérienne fondée sur des rapports égalitaires authentiquement humains entre hommes et femmes.

La mentalité archaïque fossilisée prisonnière de traditions tribales contre l’esprit rationnel enfin mûr pour se mettre en phase avec notre époque scientifique, servant de tremplin au développement de la critique radicale, à l’épanouissement de controverses philosophiques et politiques fructueuses, vectrices de projets d’émancipation humaine.

M. K.

Comment (7)

    lhadi
    18 février 2020 - 13 h 27 min

    La pensée unique débouche sur une politique unique. Il n’y a qu’une seule politique possible, un seul modèle social, un seul modèle économique. Il y a qu’une voie, une seule voie. Les gens du pouvoir ont montré la voie, celle de la seule politique dont on ne peut pas, dont on ne doit pas sortir, dont aucun gouvernement ne sort depuis vingt ans.

    Vingt ans de pensée unique, vingt ans de politique unique vingt ans d’errements en errements d’échecs en échecs, de même politique, de mêmes discours, vingt ans à faire toujours la même chose, à redire la même chose.

    Avec les mêmes résultats ; toujours plus de chômage, toujours plus de précarité,, toujours plus d’exclusion, toujours plus d’insécurité…

    Je m’indigne contre l’aplatissement de toutes les valeurs face à une pseudo culture de gouvernement.

    Soyez socialistes, marxistes ou libéraux mais ne soyez pas menteurs. En démocratie, il y a toujours une autre politique possible.

    Est ce possible avec ceux qui veulent la démocratie avec la république, ceux qui veulent la démocratie contre la république et ceux qui ne veulent ni la démocratie ni la république ?

    Entre ceux qui veulent la démocratie avec la république et ceux qui veulent la démocratie contre la république, le débat ne porte pas sur le suffrage universel, le multipartisme ou la liberté d’expression. Il porte sur la souveraineté, l’intérêt général, le rôle de l’Etat,, la place des corps intermédiaires, le principe d’égalité et une certaine idée du progrès.

    Pour aller à l’essentiel, la république c’est : l’égalité, la récompense du mérite, la souveraineté du peuple, la volonté générale, et l’Etat-nation. La république ce n’est pas seulement l’égalité des chances. C’est aussi l’égalité devant la loi,, devant l’impôt, devant le service public, devant la santé, devant la retraite, devant l’emploi…L’égalité républicaine c’est plus que l’égalité des chances, c’est l’égalité dans les conditions d’exercice de la citoyenneté. Dans la république, il y a de l’équité et de l’égalité. L’égalité est u principe directeur. L’équité une règle de conduite : l’administrateur administre en équité, le juge juge en équité…Le principe d’égalité s’applique en tenant compte des situations particulières. L’égalité républicaine c’est l’égalité des conditions, pas des moyens. Le but n’est pas d’avoir partout le même nombre de policiers, de juges, de professeurs, de lits d’hôpitaux par habitant. Le but c’est d’avoir la même sécurité, la même justice, le même enseignement, la même qualité de soins pour tout le monde.

    Dans la tradition républicaine l’équité prolonge l’égalité. Dans la pensée unique, elle la remplace. ça change tout. En mettant l’égalité et l’équité sur le même plan, en substituant la deuxième à la première, ils tournent le dos à la république. Ils s’attaquent au socle.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Citizen
    18 février 2020 - 10 h 39 min

    « Troquent la prosternation religieuse contre la protestation politique. La soumission au Ciel contre le soulèvement contre les cimes du pouvoir. Le silence étouffant des salles de prière contre le grondement expressif de la révolte joyeuse piétonnière. Le paradis céleste hypothétique impalpable contre l’Eden terrestre, réellement authentique à portée de main. »

    Si ça ce n’est pas la phobie ou carrément la haine, quoique maquillée, de la foi islamique de la quasi totalité des Algériens, qu’est ce que c’est ?

      Karamazov
      18 février 2020 - 11 h 39 min

      Mais non, ce n’est ni une phobie ni de l’ironie. C’est de l’humour seulement.

      Anonyme
      18 février 2020 - 12 h 12 min

      Tu sais très bien de quel type de prosternation il parle…

    Karamazov
    18 février 2020 - 10 h 24 min

    Ayavava ! Ça apprendra à KN de le provoquer et à insinuer que l’élite n’a pas contribué au Hirak. MK nous a fait un mille-feuilles pour encenser le Hirak. On dirait l’imam Ghafour Rahim de Guezgata quand il nous faisait le dars. Il en mettait tellement qu’il a fini par éveiller le doute qui m’habite( en un seul mot). MK est passé de l’analyse à l’eulogie on dirait qu’il est missionné au sens religieux. Il est passé de l’Internationale à Tala3a el badrou 3alayna comme on passe du scepticisme à l’euphorie ? Ou du premier comprimé de Hebate lefhama au troisième mais à l’envers.

    Heureusement que la rédaction est vigilante et nous avertis que c’est pas du poulet, au cas ou certains auraient gobé ça . Genre c’est pas parce qu’on publie que vous devez avaler ça.

    Vendredi le Hirak ne doit pas rater la marche, pas celle de l’histoire, mais la sienne. Il y aura du monde sûrement et il réussira sa marche. Cette marche sera tellement grandiose qu’elle ne vaudra que pour elle-même et nous fera oublier sa raison d’être. Après le peuple rentrera chez lui avec le sentiment du devoir accompli .

    Donc, vendredi c’est la lutte finale, et jour de paie en mimta, a tezrad irgazen athaghat. Le monde entier sera braqué sur nous pour voir en live la Montagne accoucher d’une souris.

    Belveder
    18 février 2020 - 10 h 20 min

    Le Hirak a soulevé un vent de Sympathie de Soutien et d ‘Admiration dans le Monde Entier les premieres semaines Ce qui n est plus le cas a ce jour..LE TEMPS Médiatique fais qu on passe a autre chose trés vite surtout faute de Nouveau..LES Algeriens doivent rester mobilisé dans le Hirak sans attendre «  » Des gratifications et des satisfecits » ».ON N a pas besoin d étre le Modéle pour qui que ce soit MAIS SEULEMENT POUR NOS ENFANTS

    Anonyme
    18 février 2020 - 9 h 49 min

    Merci Khouya Mesloub pour ce beau texte. Certaines choses ne seront plus comme avant car partagées par la majorité. Pour d’autres, comme l’égalité des sexes ou l’orientation vers la modernité universelle, le chemin sera encore long car les forces rétrogrades, en particulier islamistes, sont loin d’être négligeables

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