Financement du cinquième mandat : les accusés vont-ils impliquer Gaïd-Salah ?
Par Kamel M. – «Il y a dans le procès du financement du cinquième mandat annulé de Bouteflika une aberration monumentale», notent des observateurs avertis. «D’un côté, on jette en prison des ministres et des hommes d’affaires pour avoir été instruits de gérer le financement du cinquième mandat et, de l’autre, on épargne le candidat lui-même et celui qui a voulu imposer la présidence à vie d’Abdelaziz Bouteflika, c’est-à-dire le général Gaïd-Salah», s’étonnent ces observateurs qui estiment que le procès des personnes accusées dans ce dossier «est tout bonnement infondé».
Pour ces observateurs, «s’il y a quelqu’un qui doit être jugé dans cette affaire, si tant est que le procès est justifié, c’est bien l’ancien chef d’état-major de l’armée qui, depuis 2013, avait pris l’institution présidentielle en otage en forçant le chef de l’Etat impotent à se succéder à lui-même, en dépit de sa maladie handicapante qui l’a éloigné de la gestion des affaires de l’Etat». «Lorsque l’ex-président Bouteflika avait été victime d’une attaque cérébrale qui allait réduire considérablement ses capacités physiques et mentales, Gaïd-Salah s’était empressé de se rendre à son chevet à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce pour étouffer dans l’œuf la mesure d’empêchement que l’ancien patron du DRS, le général Toufik, allait faire appliquer après avoir consulté un large aréopage de responsables sécuritaires et politiques», expliquent ces observateurs qui soulignent que «le général Gaïd-Salah est coupable d’avoir fait durer le règne de Bouteflika six années supplémentaires avec les conséquences dramatiques que cela a impliquées».
«S’il y a un coupable, c’est bien lui et personne d’autre», insistent ces observateurs, en précisant qu’«en maintenant Bouteflika au pouvoir par la force, Gaïd-Salah veillait surtout à ce que le statu quo persiste pour pouvoir jouir de sa double casquette de vice-ministre de la Défense et de chef d’état-major de l’armée pour continuer à faire prospérer ses affaires et, dans le même temps, régler ses comptes avec son ennemi juré, l’ancien homme fort des services des renseignements et, plus tard, imposer son homme à la tête du pays», font remarquer ces observateurs.
Les accusés qui s’accordent à dire qu’ils n’ont été que les exécutants d’ordres venus de la présidence de la République, retourneront-ils le procès contre celui qui tirait les ficelles jusqu’à faire tomber Bouteflika et jeter en prison tous ceux qui, pourtant, n’ont fait qu’obéir aux instructions au moment où Gaïd-Salah faisait la pluie et le beau temps ? D’aucuns, en tout cas, continuent de s’interroger pourquoi les deux principaux responsables de la grave crise politique actuelle, l’ex-président Bouteflika et son vice-ministre de la Défense, sont épargnés par l’appareil judiciaire soumis de Zeghmati.
K. M.
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