La mise à nu
Par M. Aït Amara – La pandémie du coronavirus a dévoilé le vrai visage de l’humain dans toute son horreur. Le réflexe de survie a balayé l’instinct grégaire. La vie en commun se délite et le chacun-pour-soi émerge des tréfonds contaminés de l’âme pour s’imposer comme la seule règle qui doive régir le comportement et la pensée.
A cet égoïsme ambiant s’est ajoutée la propension de l’Homme moderne à l’excès, à la surévaluation, à l’exagération comme par un besoin vital indéterminé. La classe politique rassure en enfonçant les citoyens dans leur peur-panique, la communauté scientifique sonne le tocsin et les médias saturent une opinion désemparée avec des nouvelles macabres et achèvent de l’assommer avec des prédictions apocalyptiques.
Oui, la menace est sérieuse et les habitants de cette planète où même l’oxygène commence à tarir ont pris la mesure du danger qui guette l’humanité tout entière. Oui, il faut prendre des mesures barrières et gérer cette situation de crise mondiale avec le sérieux et la gravité que la conjoncture impose. Oui, les gouvernements doivent dicter la marche à suivre pour éviter que la race humaine disparaisse plutôt que les devins les plus aptes ne l’eussent présagé.
Mais tout ceci doit-il pour autant pousser les gens, y compris dans les pays «civilisés», à faire qu’après soi le déluge ? Doit-il inciter les êtres vivants les plus «intelligents» et les plus «doués» dans cette seule partie habitée de l’univers à se comporter comme dans une jungle, le plus fort et le plus riche écrasant le plus faible et le plus démuni ?
Ce virus qui nous fait tant peur ne doit-il pas être considéré comme une aubaine pour que l’humanité se regarde enfin dans le miroir et voie à quel point elle est devenue laide et affreuse à force de faire de l’intempérance une vertu et de l’insatiabilité une religion ? L’heure n’est-elle pas venue de redevenir ce que nos ascendants furent dans la grande nuit des temps, lorsqu’ils mangeaient pour vivre et ne vivaient pas pour manger ?
Un prix Nobel de physique affirmait que nous autres humains ne cessons d’inventer de nouvelles technologies sans que, in fine, nous sachions pourquoi. Il a appelé l’humanité à cesser de réfléchir et à réapprendre à vivre de l’effort manuel comme par le passé. En effet, qu’est-ce que l’Homme sans la machine aujourd’hui ? Quasi-rien ! Le virus corona date de quelques semaines, celui de la profusion nous habite depuis des siècles. Nous en souffrons sans en ressentir les symptômes, tellement évidents que personne ne s’en aperçoit.
Soignons notre autolâtrie d’abord, la guérison du coronavirus suivra d’elle-même.
M. A.-A.
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