Le Club des magistrats boycotte les élections partielles du Haut Conseil de la magistrature
Par Mounir Serraï – Le Club des magistrats libres, non agréé, ne participera pas aux élections du 7 mai prochain relatives au renouvellement de la moitié des membres du Haut Conseil de la magistrature.
Dans un communiqué signé par son porte-parole, Marzouk Saad-Eddine, ce Club, qui a pris des positions assez remarquables durant le Hirak pour, notamment, une réelle indépendance de la justice, considère cette opération de renouvellement comme «pliée d’avance» et qu’il n’y a rien à attendre de cette joute électorale qui constitue beaucoup plus une formalité administrative qu’un renouvellement à proprement dit de cette haute instance judiciaire. Mais pas seulement. Ce boycott annoncé est dû, précise le Club des magistrats, à une multitude de raisons. En plus donc de ce qu’il considère comme «désignation indirecte sous couverture d’une pseudo-élection qui sera assurément remportée par ceux choisis par le ministre de la Justice en fonction, il y a l’absence de conditions et de climat de sérénité et de quiétude nécessaire à la réussite d’un tel processus important pour la justice».
Le Club des magistrats libres assure que «le maintien de structures et d’instances vides de contenu et entachées par leur soumission outrancière au pouvoir exécutif ne peut aucunement augurer d’un changement et de la concrétisation des exigences d’une véritable indépendance de la justice, telle que réclamée par le mouvement populaire pacifique déclenché le 22 février 2019».
«Les magistrats libres ne vont ni participer ni légitimer ces élections qui ne feront ni retarder ni accélérer la libération de ce corps de justice de la domination administrative et financière du ministère de tutelle. Comme elles ne vont pas libérer la justice et protéger les magistrats des aléas et des influences politiques mais aussi du poids des lobbys de l’argent et de l’information», relève le Club des magistrats qui estime que «le véritable changement doit passer par un assainissement global et calme dans l’appareil judiciaire de tous ceux qui l’ont exploité à d’autres fins et diminué de son autorité».
Le Club des magistrats considère également que l’indépendance de la justice ne pourrait se concrétiser sans le changement des textes de loi qui ont soumis le juge à l’autorité du ministre de la Justice auquel il doit obéir en toute circonstance.
M. S.
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