Bel hommage d’Aït Menguellet et de Yasmina Khadra à Idir
Par Mounir Serraï – L’autre monument de la chanson kabyle Lounis Aït Menguellet a rendu aujourd’hui un bel hommage au grand artiste Idir qui s’en est allé sur la pointe des pieds. «Coup dur en cette belle matinée de printemps ! Pour moi, le départ d’Idir marque la fin d’une époque pour notre chanson. A ma dernière visite, il me disait qu’il était peu probable qu’il monte encore sur scène à cause de sa respiration assistée. On s’était mis à imaginer un moyen de dissimuler une bonbonne d’oxygène à côté de lui sur la scène qui lui permettrait de chanter à son aise. Nos idées, agrémentées de son sens de l’humour bien connu, se sont transformées en une bonne partie de rigolade. La mort n’était pas au programme, aucun de nous n’y pensait.
Repose en paix mon ami, ce que tu as laissé t’assure l’immortalité. Mes plus sincères condoléances à ses enfants et à toute sa famille», écrit le géant Aït Menguellet, très affecté par la disparition du chanteur et compositeur de Ssendu, qui a fait le tour du monde.
De son côté, le grand écrivain Yasmine Khadra, avec son style incisif, lui a fait un vibrant hommage. Sous le titre «L’envol du rossignol», Yasmine Khadra a mis en avant les qualités et la notoriété de l’artiste. «Idir nous a quittés. Il s’en est allé sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Il s’est éteint comme un chant d’été à la fin de la colonie, comme se taisent les légendes en Algérie, son pays, son angoisse, son inconsolable litanie», écrit Khadra, ajoutant qu’«Idir n’a fait que quitter un exil de transition pour un exil définitif puisqu’il a été contraint de quitter sa terre natale pour aller chercher ailleurs l’écho de sa voix, tel un troubadour errant en quête de sa voie».
«Il va beaucoup manquer à nos joies si chahutées de nos jours par nos peines et nos désillusions, mais son absence sera pour nous, Algériens, et pour ses fans de partout, un grand moment de recueillement», poursuit l’auteur de Morituri qui considère que «le silence de mortel d’Idir n’est que politesse afin que retentisse l’hymne de toutes les résiliences, des montagnes de Kabylie jusqu’aux confins de l’Atakor, et du vertigineux Tassili aux plages de Ben M’hidi».
«J’ai rencontré Idir trois petites fois. La première, à Chenoua-Plage vers la fin des années 1960. La deuxième, au CCA à Paris que je dirigeais, lorsqu’il avait accepté d’animer bénévolement deux soirées d’affilée tant la demande était immense et la salle si minuscule pour un artiste de son envergure. La troisième, lors d’un concert auquel il nous avait conviés, mon épouse, mes enfants et moi à Vitrolles, une ville de Provence. Mais mon meilleur souvenir a eu lieu en Inde, à un festival du livre, il y a une dizaine d’années. Un riche lecteur avait offert une soirée en mon honneur. Il avait une surprise pour moi. Lors du dîner, une troupe de danseuses en sari flamboyant nous a gratifiés d’un superbe ballet tandis qu’une chorale chantait Avava Inouva… en hindi. Ce fut une très belle surprise», témoigne Yasmina Khadra, également très affecté par la disparition d’Idir.
D’autres artistes, écrivains et personnalités ont réagi à sa mort.
M. S.
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