Refermeture des commerces : Etat et citoyens s’accusent mutuellement
Par Houari A. – Sitôt dit, sitôt fait. A peine le président Abdelmadjid Tebboune et le Premier ministre Abdelaziz Djerad ont-ils mis en garde contre le non-respect des mesures barrières et menacé de refermer les commerces si le chaos constaté après la décision d’alléger les mesures de confinement persiste, que les autorités ont joint le geste à la parole dans certaines wilayas. Le retour aux restrictions dictées par les risques que la cohue provoquée par la ruée des citoyens dans les divers magasins, restés fermés plusieurs semaines, résonne comme une mise en garde aux grandes villes, dont la capitale, qui semble, pour le moment, épargnée par ce tour de vis.
Les avis divergent, cependant, sur les causes de cette absence de maîtrise qui n’a pas fait réagir que les autorités publiques et la communauté scientifique, mais également de nombreux citoyens qui ont commenté une «situation aberrante» pour les uns et une «négligence grave et inexcusable» pour les autres. Mais, négligence de qui ? Si certains pointent l’incivisme des citoyens, d’autres estiment que la première responsabilité incombe à l’Etat qui n’a pas su accompagner ce déconfinement partiel par les mesures nécessaires à sa réussite. Pour eux, les autorités n’ont pas fait montre de perspicacité dans la gestion de la crise sanitaire et se sont surtout focalisées sur une propagande mal à propos dans ces moments difficiles où la politique politicienne n’a pas lieu d’être.
En effet, notent de nombreux observateurs, hormis les «menaces», les «mises en garde», les «actions musclées de la police», etc., aucune mesure probante n’est venue étayer ce dispositif répressif mis en place par l’Etat qui n’a fait qu’élargir encore plus le fossé déjà existant entre les gouvernants et les gouvernés. On se souvient que les Algériens avaient du mal à admettre que le pays était, comme de nombreux autres, concerné par la pandémie du Covid-19 et que les animateurs du Hirak avaient du mal à accepter cette réalité au début, avant que des voix sages appellent, enfin, à abandonner les manifestations pacifiques jusqu’à nouvel ordre.
La fin du confinement s’annonce compliquée, en tout cas, estiment ces observateurs, qui pensent que les positions iront en se radicalisant de part et d’autre et que le retour à une vie «normale» sera sans doute marqué aussi bien par le retour du mouvement de contestation populaire que par des troubles sociaux qui seront provoqués par le chômage galopant et l’absence de perspectives économiques réelles.
H. A.
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