Tamazight dans la Constitution : qui distille les propos racistes sur la Toile ?
Par Mounir Serraï – Depuis la publication jeudi de la mouture de l’avant-projet de révision de la Constitution, les commentaires haineux et racistes se multiplient sur les réseaux sociaux. Ils visent tous les Algériens qui sont d’expression berbère et tous ceux qui défendent tamazight comme langue, identité et patrimoine national, qui est déjà consacrée comme langue nationale et officielle dans la Constitution actuelle.
Ce déchaînement sur les réseaux sociaux est dû à la proposition faite par le comité d’experts sur la révision de la Constitution de rendre l’article relatif à l’officialisation de tamazight immuable et non admis à la révision. Cette proposition, bien qu’attendue en raison de l’exclusion de cette révision des trois constantes nationales, à savoir l’arabité, l’amazighité et l’islamité, semble heurter la sensibilité des nouveaux porteurs de l’idéologie arabo-baâthiste qui voulaient faire tomber cette disposition constitutionnelle et dénier donc aux populations amazighes, fort nombreuses, d’exister dans leur propre pays.
Galvaudés durant le Hirak par les attaques frontales de l’ancien chef d’état-major de l’ANP contre les porteurs du drapeau amazigh, ces agitateurs qui se définissent comme «badissiyiste-novembariste» mènent une campagne féroce contre cette «mouture» et accusent ses rédacteurs de «trahison». A travers des vidéos et des textes qu’ils postent sur les réseaux sociaux, ces agitateurs véhiculent un discours haineux, discriminatoire et attentatoire à l’unité nationale, en ce sens qu’ils remettent en cause les fondements de la nation algérienne qu’ils veulent exclusivement arabe.
Leur tapage vise, selon toute vraisemblance, à faire pression sur la présidence de la République afin qu’elle cède sur ce point, ce qui ne pourrait assurément pas se produire pour la simple raison que le président Tebboune avait déjà fixé le cap et précisé que les constantes nationales sont exclues de toute remise en cause. Dans leurs commentaires, ces idéologues de la haine affirment avoir soutenu la révision constitutionnelle «dans l’unique but de supprimer tamazight comme langue officielle». Une officialisation faite, selon eux, contre leur volonté.
S’attaquant systématiquement à tout ce qui symbolise l’amazighité de l’Algérie du nord au sud, de l’est à l’ouest, ces semeurs de la division et de la haine dans la société franchissent un nouveau pas dans leurs dérives, sans que la justice bouge le petit doigt. Pourtant, certains d’entre eux sont bien connus, à l’instar de l’agitateur Norreddine Khettal, qui s’attaque frontalement à Tebboune et à la mouture de la nouvelle Constitution à cause de l’appui de l’officialisation de tamazight.
La loi criminalisant le discours de la haine et de la discrimination sera-t-elle appliquée sur celui-ci, ses adeptes ou acolytes ?
M. S.
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