Les affabulateurs et les narcissiques existent aussi chez nous
Par Dr Abderrahmane Cherfouh – Les affabulateurs et les narcissiques existent partout, y compris en Algérie. Depuis quelques années, on les voit apparaître en grand nombre dans le paysage médiatique algérien. Parmi eux, il y a beaucoup de quidams qui se manifestent pour amuser la galerie et donner du grain à moudre aux réseaux sociaux qui vont exploiter leurs déclarations farfelues et saugrenues pour faire rire et amuser leur public. Par contre, il y a d’autres personnes qui ont occupé des grands postes politiques ou sportifs qui sont connus du public, il leur arrive de faire une sortie médiatique ubuesque qui frise le ridicule. On peut citer, entre autres, la récente déclaration hilarante de Rabah Madjer dans l’émission «Stadium on time», sur une chaîne de TV égyptienne qui a surpris plus d’un.
Rabah Madjer veut aussi sa part du gâteau. La légende de la sélection algérienne, qui a connu plusieurs passages compliqués sur le banc des Verts, estime qu’il a eu son rôle à jouer dans la victoire des Fennecs à la CAN 2019. «Quand un entraîneur travaille dans des conditions difficiles, c’est compliqué pour lui de réussir», a-t-il expliqué dans l’émission «Stadium on time». En clair, lui n’a pas eu l’occasion de mener à bien son projet avec l’Algérie, alors que son successeur, Djamel Belmadi (qui l’a remplacé en 2018), a pu compter sur le travail de Madjer pour s’imposer en Afrique avec la sélection : «Avant l’arrivée de Belmadi, il y avait en place des entraîneurs qui ont laissé leur empreinte. Ils méritent des remerciements. Belmadi a continué ensuite le travail. Et avec la stabilité qui régnait au sein de la sélection et la détermination de nos joueurs, on a fini par gagner la CAN en Egypte», rapporte onzemondial.com. «L’ancien sélectionneur des Fennecs, Rabah Madjer, a expliqué que Djamel Belmadi a pu remporter la CAN 2019 grâce au travail de son prédécesseur, c’est-à-dire lui-même.»
Comment ne pas tomber sous le charme de l’auteur de ce grand morceau d’anthologie ? Rabah Madjer. L’homme à la talonnade légendaire doit sûrement s’ennuyer et ronger les ongles durant cette période de confinement qui nous a tous perturbés et joué sur notre mental. Il lui a suffi d’une simple pique pour qu’il nous ressorte une de ses déclarations favorites dont il nous a toujours gratifiés. Il faut reconnaître que Madjer ne laisse personne indifférent, avec lui le spectacle est toujours gratuit et garanti. Nous comprenons parfaitement sa frustration et sa profonde déprime d’avoir été éjecté de son poste d’entraîneur de l’équipe nationale par la petite porte. Contrairement à d’autres, Madjer est le seul entraîneur des Fennecs à avoir bénéficié de trois chances pour faire ses preuves et démontrer ses capacités. Dommage pour lui et pour nous tous les supporters. Nous compatissons. Les résultats ne plaident pas en sa faveur. Sur ces trois chances, il a subi trois échecs ! Il faut avouer que c’est triste pour l’égo de quelqu’un qui a toujours visé nettement plus haut. A sa décharge, il faut reconnaître que souvent les grands joueurs ne font pas les grands entraîneurs, Maradonna, Pelé, Platini, entre autres. Mais malgré ses déconvenues et ses déboires, Madjer reste toujours égal à lui-même. Il a toujours cultivé le sens du spectacle, et notre héros le fait parfois avec brio sans rougir, ni blêmir.
Madjer n’a jamais eu peur du ridicule. On peut comparer son parcours en équipe nationale à un grand cirque. Au lieu de nous montrer ses talents comme entraîneur, on a vu surtout qu’il excelle dans le théâtre. Pour nous sortir de notre léthargie et de notre somnolence dues à la pandémie, il nous joue le héros et il s’attribue le beau rôle. Il est en même temps l’acteur et le metteur en scène. Ce jeu lui permet de se pavaner dans sa mégalomanie et de réaliser ses fantasmes les plus fous, souvent refoulés, et d’exprimer les sentiments et frustrations d’un homme en déclin. J’ai toujours admiré la ténacité de ce brave homme. Quasiment depuis plus de vingt ans qu’il court derrière ce poste de l’équipe nationale à travers ses insinuations et ses tentatives réitérées et autres artifices par médias interposés, il a fini par obtenir gain de cause et décrocher ce poste tant envié. Cette promotion, il ne la doit pas à son talent d’entraîneur, ni à son diplôme – il n’a ni diplôme ni expérience – ; il la doit surtout à sa proximité avec Saïd, le frère de l’autre qui sait récompenser les thuriféraires, les laudateurs et les hommes qui lui prêtent allégeance.
Aujourd’hui, c’est pitié de le voir étaler au grand jour ses états d’âme pour occuper le devant de la scène pour tenter d’exister mais il ne fait que brasser de l’air sans aucun effet. Quelle honte et quelle déchéance pour quelqu’un qui a fait vibrer le cœur des Algériens contre la Grande Allemagne. Il est devenu l’exemple parfait que les Algériens préfèrent éviter comme la peste pour avoir côtoyé la issaba et en avoir tiré profit.
Qui ne se souvient pas de sa première conférence quand il s’est emparé du micro et a répondu à la place de Mahrez en insultant le journaliste pour, finalement, orienter le débat et la discussion à sa façon, démontrant son incapacité à communiquer et à gérer la mentalité des grands joueurs de qualité. Il est incapable ne serait-ce que de comprendre l’avis d’un tiers pour en discuter en argumentant pour critiquer constructivement. Les rares fois où Madjer a tenté de dialoguer et de bavarder rationnellement d’un sujet ou un autre, il s’est lamentablement planté. Il n’a toujours pas digéré ses interventions passées douloureuses, telles que «Allo Porto», ou bien «Belmadi, c’était mon ancien élève» qui ont fait rire toute l’Algérie entière, alors il revient se gargariser de temps en temps sur des plateaux de télévision étrangères qui lui sont totalement acquises. Et ça lui fait mal ! Ça lui fait mal chaque fois qu’il évoque ce passé douloureux qui lui rappelle ses anciennes pitreries. Il porte toujours en lui une étrange jalousie mêlée de convoitise envers Belmadi et ceux qui lui sont supérieurs. Malgré le poids des ans et le Hirak, il n’a pas changé d’un iota. Il invoque toujours les mêmes histoires qu’il répète à satiété, exprimant ses diverses frustrations de laissé-pour-compte par ses compatriotes, par ses déceptions et ses blessures en équipe nationale jamais cicatrisées.
Contre Belamdi, Madjer est mal barré car il est tombé sur un coriace, un entraîneur d’une autre dimension, d’une grande expérience qui a le cuir assez épais et qui en a vu d’autres. Madjer échoue encore lamentablement dans une dernière tentative désespérée de se ménager une sortie honorable en s’attaquant, toute honte bue, à plus fort que lui, essayant de minimiser les mérites des autres, une manière gauche de se rehausser. Peut-être cela fonctionne en Egypte ou ailleurs mais pas en Algérie, pas ici. En Algérie, on le connaît, on connaît ses hauts faits d’armes. C’est ça qui l’irrite. En Algérie, il s’irrite tout seul, il s’irrite car son pouvoir de persuasion et ses suppliques n’ont de prises sur personne. Pourquoi diminuer les mérites d’autrui ? Parce que Madjer est basiquement un incapable, un incompétent et n’a plus aucun ami, ni aucune relation, ni soutien qu’il avait soigneusement entretenus au fil des ans. Comme tous ceux qui ont trempé dans les malversations.
Madjer est, comme ses anciens comparses, un homme seul. Seul avec lui-même. Il n’éprouve aucun respect pour les autres, ni aucune empathie dans le sens de reconnaître le mérite des autres. Ce gagne-petit ne va jamais s’arrêter, il va continuer toujours à se battre tout seul contre lui-même et contre les moulins à vent.
A. C.
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