Les notables de Tamanrasset exigent le départ du wali pour «éviter le pire»
Par Nabil D. – C’est inévitable. Le wali de Tamanrasset doit être limogé. C’est, du moins, ce qu’exigent des notables de la région qui appellent le président Tebboune à relever le premier magistrat de la wilaya pour «éviter le pire». La situation à Tinzaouatine ne s’est pas calmée et de nombreux observateurs redoutent que cette instabilité serve des agendas étrangers qui y verraient l’occasion rêvée de provoquer des troubles à long terme dans le Grand Sahara algérien.
L’extrême-sud du pays est une zone sensible au vu des frontières que l’Algérie partage avec deux grands pays du Sahel, le Mali et le Niger. Le terrorisme et la contrebande y font rage et l’armée y est constamment présente pour verrouiller les passages de façon hermétique pour éviter une infiltration des terroristes qui activent dans les deux pays africains limitrophes, carrefour de trafics en tout genre. Le quadrillage de Tinzaouatine semble avoir privé des pans entiers de la population locale de ce commerce illégal, jusque-là plus ou moins toléré tant qu’il ne concerne que des produits de large consommation.
Réagissant aux événements qui ont secoué cette localité frontalière, le ministère de la Défense nationale a démenti des «informations incitatives colportées via les réseaux sociaux, accusant des éléments de l’Armée nationale populaire d’avoir ouvert le feu sur des individus dans la localité frontalière malienne d’Ikhraben, limitrophe de la commune de Tinzaouatine, en VIe Région militaire». Le ministère de la Défense, sentant la manipulation, a ainsi voulu prendre de court ses auteurs qui cherchent à allumer un brasier dans la région en récusant «formellement ces allégations infondées» et en affirmant que ces événements «se rapportent à une tentative menée par des personnes connues par leurs activités suspectes dans la contrebande et le crime organisé, visant à détériorer le mur de sécurisation, en appelant les habitants à la violence et à la manifestation, dans une manœuvre visant à libérer l’étreinte sur leurs intérêts dans la région».
L’ouverture d’une enquête par l’état-major de l’armée et les appels à la vigilance ne semblent pas avoir suffi pour calmer les citoyens qui estiment que leur ville «est devenue une prison à ciel ouvert». Le départ du wali est désormais exigé, sans que les auteurs de cette demande en expliquent les motivations. Des walis ont été relevés de leurs fonctions ou fustigés par les populations locales pour des comportements jugés indignes, à l’instar de ceux de Blida en septembre 2018 et de Mostaganem en mars 2020.
N. D.
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