Saïed avertit : «Le plan de division de la Libye vise aussi l’Algérie et la Tunisie»
Par Karim B. – Le Président tunisien a affirmé que le plan de morcellement de la Libye «vise aussi l’Algérie et la Tunisie». Dans un entretien à France 24, en marge de sa visite officielle en France, Kaïs Saïed a abondé dans le même sens que la diplomatie algérienne, en appelant à une solution inter-libyenne qui exclut toute ingérence étrangère.
Interrogé sur l’interventionnisme turc, le Président tunisien a souligné que ce rejet de l’ingérence exprimé par son pays «concerne aussi bien la Turquie que tous les autres Etats» qui interviennent en Libye. Pour lui, l’initiative pour un règlement de la crise libyenne ne peut émaner que des pays du Maghreb, en insistant sur une coordination entre Tunis et Alger. «Les pays du Maghreb sont les plus touchés par cette crise après le peuple libyen lui-même», a insisté Kaïs Saïed, en ajoutant que la Tunisie était «plus particulièrement impactée par la situation en Libye car beaucoup de secteurs économiques y sont liés». «En 2011, la Tunisie a accueilli un million de Libyens», a indiqué le successeur de Béji Caïd Essebssi.
Au sujet de la dernière déclaration du Président égyptien qui affirmait que l’Egypte pouvait «légitimement» intervenir à son tour directement en Libye, Kaïs Essaïed a estimé que «chaque pays [voisin] est en droit d’exprimer sa préoccupation, d’autant que la situation suscite effectivement des inquiétudes». «Toutefois, a-t-il corrigé, la solution militaire n’est pas celle que souhaite le peuple libyen». «Ces guerres, ces batailles, ces douleurs, ce sang qui coule à flot peuvent-ils constituer une issue à la crise ? Ils peuvent [sans doute] être une solution conjoncturelle et cela peut modifier les rapports de force entre les belligérants, mais il n’en demeure pas moins que la Libye n’est pas une question internationale, elle est une affaire libyenne avant tout, et toute intervention militaire sous quelque motif que ce soit est rejetée», a martelé le Président tunisien qui insiste sur la «solution pacifique qui doit émaner de la seule volonté des Libyens».
A une question sur une possible dualité dans le traitement du dossier libyen par les autorités tunisiennes due au fait que le Parlement soit présidé par le leader du parti islamiste pro-turc Ennahdha, Kaïs Essaïed a répondu que la politique étrangère de la Tunisie «est du ressort exclusif du président de la République». Rached Ghannouchi avait, pour rappel, provoqué un tollé général au sein de l’Assemblée tunisienne après avoir reçu un émissaire du chef du gouvernement d’Union nationale, Fayez Al-Sarraj, soutenu par Ankara.
Par ailleurs, le Président tunisien a démenti l’information selon laquelle la task force américaine en Afrique, Africom, ait émis le vœu d’installer une base militaire en Tunisie. «Aucune demande de ce type ne m’a été faite, qu’elle émane des Etats-Unis ou de n’importe quel autre Etat», a-t-il dit, estimant que «cela n’empêche pas qu’il y ait une coopération militaire, chose qui existe depuis l’indépendance de la Tunisie».
K. B.
Comment (65)