Pourquoi Bouteflika et deux des fils de Gaïd-Salah sont absouts par la justice ?
Par Abdelkader S. – Les anciens dignitaires du système jugés et les hommes d’affaires proches de l’ancien cercle présidentiel passent à l’offensive. Après avoir fait preuve de résignation, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia et autre Amar Ghoul pointent désormais du doigt de façon directe l’ancien chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, et son frère Saïd. «Nous exécutions les ordres de la Présidence», répètent en chœur les deux Premiers ministres et les ministres jugés dans les affaires de dilapidation des deniers publics et d’indus avantages accordés à des industriels privilégiés.
L’ancien locataire d’El-Mouradia, qui a régné sans partage durant vingt ans, n’a jusqu’à présent pas été inquiété par la justice, bien qu’il soit au cœur de toute la machine judiciaire déclenchée par l’ancien chef d’état-major de l’armée, qui n’avait plus d’autre choix que de sacrifier son bienfaiteur en le vouant aux gémonies et en le jetant à la vindicte publique pour sauver le système. La «soi-disant» opération «mains propres» déclenchée par le général Gaïd-Salah sous-tendait, en réalité, un règlement de comptes entre clans au pouvoir. La mort de ce dernier en décembre 2019 n’a pas permis à la nouvelle équipe dirigeante de se débarrasser rapidement de son héritage empoisonné.
Un des résidus les plus nocifs de l’ère Gaïd-Salah, Belkacem Zeghmati, semble mettre le dossier des fils de son mentor sous le coude. Le procès de l’ancien vice-président de l’APN Baha-Eddine Tliba, leur associé, tarde à être instruit car il déclencherait automatiquement une action contre ceux dont la toute-puissance du père avait élevés au rang de roitelets à Annaba, monopolisant les marchés publics, accaparant les terrains, menaçant les responsables locaux indociles jusqu’à provoquer la mort de l’ancien wali Mohamed-Mounib Sendid et étendant leurs tentacules hors des frontières de la wilaya pour ramasser de l’argent partout où ils flairaient les bonnes affaires faciles d’accès grâce à l’omnipotence du père.
Si la convocation des fils de Gaïd-Salah par la justice paraît inévitable, il n’est pas dit que l’ancien Président soit présenté devant le juge, quand bien même son nom est coté dans tous les procès des «oligarques» et des membres des gouvernements successifs, coupables d’avoir exécuté les ordres d’un président de la République qui ne devait sa puissance qu’à la protection de celui qui les a jetés en prison : le général Gaïd-Salah.
A. S.
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