Scandales Chaabna-Amri-Bouras : mise à nu des résidus du régime Bouteflika
Par Nabil D. – L’affaire Chaabna n’a toujours pas été digérée ni par l’opinion publique ni par les plus hautes autorités du pays. «Ce scandale n’est pas près d’être oublié et il ne sera pas sans conséquences», assurent des sources proches du dossier. C’est que ce cafouillage a révélé au grand jour des dysfonctionnements graves au sein de l’Etat. «Comment se fait-il que le consul général d’Algérie à Marseille et les personnels habilités sur place n’aient pas averti les autorités politiques de cette double nationalité d’un binational qui siège au Parlement depuis des années en violation de la Constitution en vigueur et a failli occuper un portefeuille ministériel bien qu’il n’ait même pas de diplôme universitaire ?» s’interrogent ces sources, dubitatives.
Nos sources expliquent, par ailleurs, le lien intéressé entre Samir Chaabna et le site Algerie1 qui s’était chargé de «blanchir» le ministre dégommé quelques heures à peine après sa nomination, en le présentant comme un député qui s’est longtemps sacrifié pour la communauté algérienne à l’étranger et qui a «préféré se passer du poste de ministre» pour pouvoir «continuer de servir» notre diaspora en tant qu’élu. Nos sources nous apprennent, d’ailleurs, que Samir Chaabna n’a pas attendu l’arrivée du mandat de l’actuelle Assemblée à échéance pour commencer sa campagne en vue d’un renouvellement du sien. «Samir Chaabna a touché plusieurs personnalités très actives et respectées au sein de notre communauté en France pour leur demander de le soutenir car il comptait se représenter aux prochaines élections législatives», révèlent nos sources.
Dans cette course à l’hémicycle Zighout-Youcef, Samir Chaabna comptait faire jouer au site Algérie1 le rôle de porte-voix. Il faut savoir que le propriétaire du site en question, un certain Redouane Amri, est établi en France où il est propriétaire d’un hôtel à Paris, qu’il a acheté il y a une vingtaine d’années. Redouane Amri, comme son ami Samir Chaabna, possède lui aussi la double nationalité. «Dans les années 1980, il imposait la terreur. Il faisait partie du personnel civil assimilé de la Sécurité militaire en poste au ministère de l’Information. Congédié en 1990, il s’est lancé dans le commerce à Alger avant de s’installer en France. Il est resté sous la protection de l’ancien conseiller à la présidence, Mohamed Megueddem, qui l’a mis en lien avec Mohamed Rougab (ancien secrétaire particulier de Bouteflika, ndlr) et son fils. Son site a été un zélé défenseur de Bouteflika», révèlent nos sources.
Un scandale ne survenant jamais seul, l’autre député FLN de la communauté nationale à l’étranger, Djamel Bouras, vient d’être agressé par des concitoyens à qui il avait promis monts et merveilles en contrepartie de leur soutien à la réélection de Bouteflika. «De retour en France après avoir séjourné brièvement à Alger, Djamel Bouras a transité par Paris où il se faisait très discret depuis la chute des Bouteflika en avril 2019. Et pour cause, Djamel Bouras a promis pas moins de 200 000 euros de financements à plusieurs personnes dont des associations ou des collectifs qui se sont mobilisés pour préparer la campagne du cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika en février 2019», indique le site Maghreb Intelligence.
«Djamel Bouras s’est retiré et n’a honoré aucun engagement financier, mais les dettes se sont accumulées et les frais ont été dépensés», explique le site selon lequel des «personnes très énervées» lui auraient demandé des comptes et, la discussion ayant viré à la dispute, le député indélicat a été agressé physiquement.
«Remettre de l’ordre dans la maison Algérie et nettoyer les écuries d’Augias ne seront pas une sinécure et prendront du temps, tant les résidus du long règne de Bouteflika sont encore à la manœuvre et tentent une reconversion en douce», concluent nos sources.
N. D.
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