Les révélations du Libanais Salamé qui expliquent le complot contre Lamamra
Par Mohamed K. – L’ancien envoyé spécial de l’ONU en Libye a remué le couteau dans la plaie. Quatre mois après sa démission, Ghassan Salamé a crevé l’abcès dans un entretien audio accordé au Centre du dialogue humanitaire et dénoncé ce qu’il qualifie d’«hypocrisie» de pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU. L’accusation est suffisamment grave pour expliquer l’imbrication et le prolongement du conflit armé libyen qui s’enlise, neuf ans après son déclenchement par Sarkozy et Cameron.
Le diplomate libanais, qui accuse ces pays de l’avoir «poignardé dans le dos» en sabotant une conférence nationale qui devait réunir les belligérants autour d’une même table et en appuyant, dans le même temps, l’offensive de Khalifa Haftar contre Tripoli, explique ainsi, indirectement, les raisons qui ont empêché la désignation de l’Algérien Ramtane Lamamra pour lui succéder. La révélation de Ghassan Salamé confirme le complot qui a été ourdi contre l’ancien ministre des Affaires étrangères sur lequel le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait jeté son dévolu pour le représenter en Libye et tenter de relancer le dialogue entre les frères-ennemis libyens et mettre fin à la guerre civile qui ravage le pays.
Ramtane Lamamra, qui avait la capacité de rapprocher les points de vue et d’aider à faire taire les armes en Libye, était perçu comme une menace pour les pays «importants» dont Ghassan Salamé affirme que leurs dirigeants «n’ont plus aucun scrupule». Rompu aux méandres de la diplomatie souterraine, le diplomate algérien a préféré jeter l’éponge pour avoir compris la manœuvre et s’être mis à l’évidence que, comme pour un Ghassan Salamé dépourvu de tout rôle dans le règlement du conflit libyen, les conjurations, qui vont bon train dans les coulisses à Manhattan, allaient rendre sa mission «très problématique» dans un «système international en place complètement déréglé».
M. K.
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