Rabat nomme une pièce maîtresse du corps diplomatique marocain à Alger
Par Abdelkader S. – Parmi les ambassadeurs touchés par le mouvement décidé par Rabat, celui d’Alger qui cède le poste à Mohamed Aït Ouali, en poste aux Emirats arabes unis. Avec ce changement, les autorités marocaines tournent définitivement la page de l’incident provoqué par le consul d’Oran, qui a regagné son pays parmi les quelque trois cents ressortissants marocains rapatriés le 7 juin dernier.
Selon des sources proches du dossier, ce remplacement s’inscrit dans une démarche d’apaisement voulue par les deux pays. Et c’est dans ce sillage que le roi du Maroc a adressé un message amical au président Tebboune à l’occasion de la fête d’Indépendance. Un message qui fait suite aux souhaits de prompt rétablissement exprimés par le chef de l’Etat à l’endroit de Mohammed VI qui venait de subir une intervention chirurgicale.
Nos sources précisent que le nouvel ambassadeur est une «grosse pointure de la diplomatie marocaine, rompue au règlement des crises et à la gestion des tensions entre son pays et les Etats auprès desquels il est dépêché à chaque fois pour désamorcer les conflits». Nos sources soulignent, par ailleurs, que Mohamed Aït Ouali est «proche du Palais» et «très écouté». «C’est une pièce maîtresse dans l’échiquier diplomatique marocain», font remarquer nos sources qui considèrent ce choix comme étant «stratégique pour le Maroc».
Il serait cependant faux de croire que le passif serait soldé par la simple désignation de ce vieux routier de la diplomatie à Alger. Des poches de résistance continuent d’exercer une influence au sein du Makhzen, à l’image de l’omnipotent conseiller du roi, André Azoulay, et du ministre des Affaires étrangères dont les déclarations hostiles l’emportent sur ses tentatives de recoller les morceaux à chaque fois qu’un contentieux oppose les deux capitales. Nasser Bourita s’était, en effet, saisi de son téléphone à tire-d’aile pour appeler son homologue algérien, Sabri Boukadoum, au lendemain des propos hostiles tenus par le consul du Maroc à Oran, qui avait qualifié l’Algérie de «pays ennemi», pour calmer le jeu et éviter ainsi que l’incident ne prenne des proportions plus grandes, surtout que l’Algérie avait clairement laissé entendre qu’elle expulserait le représentant marocain manu militari s’il n’était pas rappelé.
Il faudra sans doute s’attendre à un changement de tonalité dans le discours du Makhzen dans les jours à venir, d’autant que Rabat, qui a ouvert plusieurs fronts à la fois, semble vouloir colmater les brèches avec son voisin de l’Est, au regard de la situation sécuritaire désastreuse dans le Sahel et de l’enlisement de la guerre civile en Libye qui menacent sérieusement la stabilité d’un Maghreb, désuni et convoité par des puissances étrangères.
A. S.
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