Réapparition timide d’Ali Benflis : les prochaines élections en ligne de mire ?
Par Mohamed K. – C’est discrètement que le candidat malheureux à la présidentielle du 12 décembre dernier a participé à l’hommage officiel rendu par l’Etat aux résistants algériens dont les crânes ont été rapatriés en grande pompe ce début juillet. Ali Benflis est réapparu à l’occasion de l’hommage qui a été rendu à ces héros de la résistance détenus depuis 170 ans dans un musée en France. Dans le même temps, le parti fondé par l’ancien chef de gouvernement semble avoir été réactivé après des mois de «gel» de ses activités ou, en tout cas, d’absence sur la scène médiatique.
En effet, le parti d’Ali Benflis, dont il n’est plus président – officiellement – depuis sa décision de divorcer d’avec la politique au lendemain de sa troisième défaite à l’élection présidentielle, après celles de 2004 et 2014, revient à la vie pour commenter l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Ali Benflis et sa formation politique brossent un tableau négatif de la situation du pays, estimant que «le système politique auquel la révolution populaire démocratique pacifique est venue signifier fermement sa fin de parcours laisse derrière lui un héritage des plus calamiteux pour la nation».
Pour Talaie El-Houriyet, «c’est tout un pays qu’il faut relever des ruines et de la dévastation occasionnées par un régime politique qui est responsable de la désertification du champ politique, de la neutralisation des institutions, de la dévitalisation de la société, de la domestication de la justice et de l’administration publique et de l’expansion de la grande criminalité politique, économique et financière et la dilapidation des précieuses ressources nationales dont a été privé le développement économique et social du pays».
Appelant à un changement radical, le parti de Benflis souhaite un «véritable ordre du jour national sans ambiguïtés et sans réserves» dans lequel «la citoyenneté et la souveraineté [seront mis] au cœur du nouveau système politique». «Il s’agit, note le parti dans une déclaration transmise à notre rédaction, de transformer l’Etat national en Etat de droit» et de «refonder l’ordre constitutionnel et institutionnel de manière telle que l’exercice des responsabilités politiques soit soumis, en permanence, au contrôle, à la reddition des comptes et à la sanction».
Talaie El-Houriyet rappelle que le parti milite depuis 2015 pour une révision de la Constitution qui «consacre l’émergence d’un véritable Etat de droit et d’une société des libertés, s’appuyant sur une indispensable légitimité des institutions» et aurait souhaité que l’élaboration de l’avant-projet de la nouvelle Constitution eût été l’œuvre d’une «commission spéciale constituante» après dissolution de l’APN. Pour le parti de Benflis, le Conseil de la nation doit être supprimé «au motif que les conditions qui ont présidé à sa création ne sont plus d’actualité» ou, si celui-ci était maintenu, le tiers présidentiel doit être aboli «pour combler le déficit démocratique et éloigner le pouvoir exécutif de toute interférence dans sa composition».
Par ailleurs, Talaie El Houriyet critique «l’implication via les médias de certains membres du comité d’experts dans une opération de promotion d’un document qualifié pourtant de simple plateforme de réflexion», en soulignant que «cette pratique jette le discrédit sur le processus de consultation initié par le président de la République dans sa quête d’une Constitution consensuelle», dénonçant, ainsi, une «opération de marketing» à laquelle se livre le comité d’experts.
Benflis et Talaie El-Houriyet affichent leur désaccord quant au «timing de la présentation de l’avant-projet de révision constitutionnelle» qualifié d’«inadéquat» et au «contexte politique» qui «n’est pas suffisamment apaisé».
«Les attentes de notre peuple sont impatientes et pressantes. Le pays a accusé trop de retards et accumulé trop de reculs pour se permettre de différer, une fois encore, l’indispensable œuvre de transformation et de changement démocratique», alerte Talaie El-Houriyet qui se prépare, sans doute, à entrer en lice lors des prochaines échéances électorales.
M. K.
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