Troublante déclaration du président turc sur la Libye : lapsus ou objectif avoué ?
Par Mohamed K. – Réagissant aux vives critiques qui le ciblent depuis qu’il a décidé de transformer une église byzantine en mosquée, le président turc a répondu que sa décision «n’a pas été prise par rapport à ce que les autres disent, mais par rapport à [nos] droits, comme nous l’avons fait en Syrie, en Libye et ailleurs». Recep Tayyip Erdogan proclame donc des droits turcs en Libye et en Syrie. Lesquels ? Avec une telle affirmation, les projets expansionnistes d’Ankara tendent à se confirmer et l’Algérie s’en trouve ainsi directement concernée par ces intentions belliqueuses.
L’interventionnisme affiché de la Turquie en Libye a soulevé un vent de colère en Algérie où le président Tebboune, fraîchement arrivé au pourvoir, avait inclus le dossier libyen dans son tout premier discours d’investiture par le biais duquel il avait sévèrement mis en garde contre toute tentative de chercher des solutions à la crise libyenne en excluant l’Algérie. Dans le même temps, les forces armées algériennes multiplient les exercices militaires pour parer à toute éventualité, cependant que les plus hautes autorités du pays ont décidé d’introduire un nouvel alinéa dans l’avant-projet de la nouvelle Constitution autorisant l’armée à intervenir hors de nos frontières.
La guerre bat son plein dans la Libye voisine où une confrontation directe entre les armées turque et égyptienne n’est pas à exclure. Alors que le Parlement turc a donné carte blanche à Recep Tayyip Erdogan d’envoyer les troupes turques au sol en Libye, le président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, a ouvertement exigé d’Ankara que soient retirés les milices et les mercenaires du territoire libyen, faute de quoi il serait forcé d’agir de même. A cette mise en garde, la marine égyptienne a joint, ce samedi, un exercice naval au cours duquel un navire a été coulé, dans une démonstration de force clairement cautionnée par la Russie dont la chaîne de télévision officielle, Russia Today, a assuré une couverture appuyée.
Maintenant que le régime islamiste de l’AKP déclare clairement avoir des droits en Libye, comment va réagir l’Algérie, sachant qu’Erdogan fait allusion à l’ancien empire ottoman pour la résurrection duquel il se livre à des guerres loin de ses frontières, en Syrie, en Libye et ailleurs, comme il le dit lui-même ? La menace est désormais de plus en plus claire et tout indique que le conflit libyen ira en s’enlisant et que la guerre par procuration dans ce pays limitrophe pourrait finir par une déflagration générale.
M. K.
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