ANP, 2e mandat, diplomates enlevés : ce que Tebboune a dit au journal L’Opinion
Par Kamel M. – Dans le long entretien qu’il a accordé au journal français L’Opinion, le président Tebboune a abordé des sujets d’une brûlante actualité. Interrogé sur l’alinéa de l’avant-projet de la nouvelle Constitution qui prévoit l’intervention des troupes algériennes hors des frontières, il a affirmé que «nos troupes pourront s’engager dans des opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, notamment au Mali ou dans d’autres pays africains. Cependant, elles ne pourront pas sortir sans obtenir l’aval et le contrôle du Parlement. Nous avons déjà participé à des missions techniques onusiennes au Tchad ou encore de délimitation de frontières».
Sur le «comportement de la Turquie en Libye», un sujet abordé lors du dernier échange téléphonique avec le président français, Emmanuel Macron, Tebboune a estimé qu’«il est de notre devoir» de «porter secours à la Libye et que «cela peut déplaire aux pays qui agissent au nom de leurs intérêts économiques». «Le jeu de gagne-terrain militaire n’est pas la solution. Nous travaillons sérieusement à la pacification de ce pays avec lequel nous partageons certaines communautés tribales. L’Algérie est prête à accueillir sur son sol des pourparlers sous l’égide des Nations unies. Nous avons reçu les représentants des deux pôles belligérants et les chefs des tribus puissantes. Les Libyens veulent la paix. Toutes les solutions mises en œuvre depuis 2011 ont échoué. Il faut travailler à une nouvelle feuille de route menant à des élections apaisées d’ici deux à trois ans, sous la supervision de l’ONU et d’un gouvernement de transition issu d’un consensus national».
Interrogé sur les relations en dents de scie avec le Maroc, le président de la République a répondu qu’«il y a toujours eu une surenchère verbale et politique entre nos pays». «Mais nos peuples, a-t-il ajouté, sont frères et se ressemblent. Nous avons une longue histoire commune et sommes voisins. Nous sommes condamnés à vivre ensemble. En ce qui nous concerne, nous n’avons aucun problème avec le Maroc et sommes concentrés sur le développement de notre pays. Nos frères marocains ne semblent pas être dans le même état d’esprit». «La construction de bases militaires à nos frontières est une forme d’escalade qui doit s’arrêter», a-t-il mis en garde.
Abdelmadjid Tebboune a, par ailleurs, indiqué que l’enlèvement et l’assassinat de nos diplomates au Nord-Mali sont «des crimes qui ne resteront pas impunis», en soulignant que «la déstabilisation totale du Mali aurait des incidences sur notre pays».
Sur le plan interne, le chef de l’Etat a affirmé qu’il «ne compte pas [s]’éterniser au pouvoir». «En principe, j’ai été élu pour un seul mandat. D’ici la fin de ce mandat, j’espère obtenir une situation apaisée où les problèmes sociaux et économiques seront en partie réglés. C’est une transition qui ne dit pas son nom. Il faudrait d’autres conditions pour que je réfléchisse à une nouvelle candidature», a-t-il assuré, en confirmant qu’il allait accorder de nouvelles grâces aux prisonniers du Hirak. «Ces gestes vont se poursuivre et visent à l’apaisement», a-t-il dit.
K. M.
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