Gestion de la crise sanitaire : les walis multiplient les faux pas et les propos provocateurs
Par Mounir Serraï – Plusieurs walis enchaînent les faux pas en ces temps de coronavirus. Visiblement impuissants face à cette situation qui exige discipline et rigueur, ils s’emportent devant les médias pour dénoncer le comportement des citoyens. Ainsi, il ne se passe presque plus un jour sans qu’un wali n’occupe la scène médiatique par des déclarations à l’emporte-pièce ou des propos désobligeants.
Aujourd’hui, c’est le wali de Djelfa qui fait le buzz par sa déclaration sur la situation sanitaire. «Je préfère mourir de faim que du corona», lance-t-il devant un parterre de journalistes. Des propos raillés sur les réseaux sociaux et jugés «indécents» et «inappropriés» venant de la principale autorité de la wilaya. Mais le wali de Djelfa, qui s’exprimait sur les mesures relatives à la lutte contre le coronavirus afin de limiter sa propagation, n’est pas le premier à tenir des propos saugrenus et froissants.
En effet, les walis d’Oran, de Sétif, de Mostaganem et de M’sila se sont déjà distingués par l’extravagance de leurs propos qui ont été fortement critiqués sur les réseaux sociaux. Le wali d’Oran a bien dit il y a quelques jours à un responsable d’une structure hospitalière qui se plaignait du manque d’équipements et de produits indispensables à la prise en charge des malades : «Ne me dites surtout pas qu’il n’y a pas d’oxygène !» Une réaction intempestive d’un wali qui a eu du mal à maîtriser ses nerfs face à des soignants qui le mettaient devant ses responsabilités. De son côté, le wali de Sétif, qui a voulu faire preuve de fermeté dans l’application des sanctions contre ceux qui ne respectaient pas les mesures barrières, a lancé cette phrase qui a fait le tour de la Toile pendant plusieurs jours : «Frappe-le, il saura rester chez lui !»
Le wali de Mostaganem, quant à lui, a lancé à une responsable d’un établissement de santé qui se plaignait, elle aussi, du manque de moyens un «debri rassek (débrouillez-vous !)».
S’adressant aux indisciplinés qui ne respectaient pas les mesures barrières, le wali de M’sila a, lui aussi, déclaré devant la presse nationale : «Que celui qui veut s’immoler, qu’il s’immole !» Des propos jugés méprisants à l’égard de la population.
Ainsi donc, cherchant à cacher leur mauvaise gestion, certains walis tentent de diaboliser les citoyens accusés d’indiscipline et d’irresponsabilité. Une méthode qui consiste ainsi à rejeter la faute sur l’autre afin de camoufler les tares de sa gestion. En première ligne dans l’application du dispositif de lutte contre le coronavirus, les walis ont fait preuve d’inefficacité.
M. S.
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