Ce que le désormais ex-ambassadeur de France en Algérie laisse derrière lui
Par Karim B. – Comme annoncé par Algeriepatriotique dans de précédents articles, l’ambassadeur de France à Alger tire sa révérence presque sur la pointe des pieds après deux «mandats» à Alger. De tous les diplomates français nommés en Algérie, Xavier Driencourt est sans doute celui qui aura soulevé le plus de vagues durant son passage mi-figue, mi-raisin à Hydra.
Se contentant de formules diplomatiques lénifiantes, le déjà ex-ambassadeur de France a, cependant, laissé entendre que son départ allait ouvrir une nouvelle ère dans les relations tumultueuses entre Alger et Paris. C’est presque comme s’il admettait que son maintien aurait empêché les deux capitales de transcender leurs différends et tourner la page de la dernière querelle provoquée par les premières interférences de l’ambassade de France qui, non seulement avait clairement affiché ses positions en faveur du mouvement de contestation populaire, mais s’y est carrément impliquée à travers les liens que Driencourt entretient ouvertement avec un certain nombre d’opposants et de journalistes.
Les trois échanges téléphoniques entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, s’ils ont permis d’accélérer le «recollage des morceaux», ils n’en sont pas moins symptomatiques d’une communication qui était devenue impossible entre les nouvelles autorités algériennes et l’ambassadeur de France. Si bien que l’effort pour un retour à des relations apaisées entre l’Algérie et la France devait être conduit par les deux chefs d’Etat en personne afin d’éviter tout parasitage et tout malentendu.
Xavier Driencourt termine sa mission en Algérie par la restitution de vingt-quatre crânes de résistants algériens réclamés de longue date par notre pays. Mais il part frustré de n’avoir joué aucun rôle dans ce geste par lequel Emmanuel Macron a voulu signifier aux Algériens qu’il était prêt à aller encore plus loin dans la reconnaissance des crimes contre l’humanité commis par la France coloniale. L’ambassadeur partant ne semble pas avoir été dans cet esprit de «réconciliation», s’accrochant à une approche paternaliste qui a fini par susciter le scepticisme de l’Elysée et du Quai d’Orsay quant à la capacité de cet ambassadeur «vieux jeu» de concourir à un changement de cap radical dans les rapports de l’ancienne puissance coloniale avec l’Algérie. Il était donc grand temps de se défaire de ce puissant facteur de blocage qui pèse sur la nouvelle trajectoire voulue par Macron et Tebboune.
K. B.
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