Véronique Jacquier : une journaliste nostalgique falsificatrice de l’histoire
Par Mrizek Sahraoui – Finie cette France des lumières, de la pensée, de l’universel, de la grande presse qui connut des moments plus glorieux avant de tomber entre les mains de scribouillards et autres braillards dont la principale préoccupation est moins de s’astreindre à la rigueur journalistique que de verser dans la recherche du buzz. Place désormais au règne des idiots, ultracrépidariens, de plus en plus nombreux partout. Notamment dans la galaxie médiatique où l’ignorance concurrence la bêtise, l’orgueil, la médiocrité. Et, sur un tel registre précisément, la chaîne CNews fait office de repaire des rien-du-tout, chanteurs de comptines totalement sans intérêt quand elles ne sont pas scandaleusement racistes.
Véronique Jacquier qu’on dit journaliste politique chez CNews s’est illustrée, de nouveau, jeudi dernier, dans le club ouvert des falsificateurs de l’histoire coloniale par un argumentaire au ras des pâquerettes. Elle a affirmé sous un air de nostalgie honteuse difficilement dissimulable : «La France a colonisé l’Algérie pour mettre fin à la piraterie barbaresque et à l’esclavage en Méditerranée pratiqué à l’époque par les musulmans.»
Elle poursuit dans la même veine : « En 1830, l’Algérie c’était rien du tout. La France a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, Emmanuel Macron faudra [sic] bien qu’il tienne un peu beaucoup plus [resic] ce discours plutôt que d’être dans l’autoflagellation et la repentance, un chemin qu’avaient commencé à emprunter Jacques Chirac et François Hollande. Enfin, la France pourra être aussi en droit de demander des excuses pour les massacres d’Oran et pour les massacres de tous les harkis, de tous les Français pendant cette période de l’histoire.»
Et, bien sûr, de tels propos qui sont bien entendu des contrevérités historiques manifestes ont suscité des réactions de solidarité venant de tous les racistes de France et de Navarre. Celle qui officie sur le même plateau qu’Eric Zemmour, le polémiste en chef venu d’ailleurs et qui déteste ceux qui sont arrivés un peu plus tard, et bientôt Marion Maréchal-Le Pen, a oublié la torture pourtant reconnue par les auteurs. Pas plus qu’elle ne s’est attardée sur le passé colonial particulièrement sanglant, une indignation sélective.
Ecrire l’histoire est une façon comme une autre de se libérer du passé, dit un jour Goethe. Le hic, c’est que Véronique Jacquier ne sait ni écrire convenablement l’histoire de son pays ni même la raconter fidèlement aux enfants de la patrie.
Ce qui rend la chroniqueuse incapable de voir avec clarté les heures sombres de la France coloniale, encore moins de se délivrer du lourd fardeau des crimes commis contre l’humanité, une réalité historique incontestable.
M. S.
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