Le nettoyage opéré par Tebboune dans la justice annonce la fin de Zeghmati
Par Abdelkader S. – Attendu de longue date, le grand nettoyage au sein de l’appareil judiciaire a fini par avoir lieu. Un grand nombre de présidents de Cours et de procureurs généraux a été éjecté et remplacé par de nouveaux magistrats. La justice, dévoyée par l’ancien patron de la sécurité intérieure qui avait étendu ses tentacules à tous les rouages de l’Etat, est en voie d’être réhabilitée et le ministre de la Justice, désormais privé de ses «pions», a déjà un pied dehors. Son limogeage devrait intervenir dans peu de temps, si l’on se fie à la stratégie du président de la République qui procède à des changements graduels dans les différentes institutions infestées par les résidus de Wassini Bouazza.
Le coup de balai opéré dans le secteur sensible de la justice intervient après les changements effectués au sein de la justice militaire, avec l’éviction de magistrats qui étaient à la solde de l’ancien directeur de la justice militaire, le général Amar Boussis, élément clé dans les arrestations arbitraires et les verdicts farfelus prononcés contre de hauts gradés de l’ANP dans le cadre des règlements de comptes auxquels s’était adonné l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd-Salah.
Une véritable justice parallèle avait été mise sur pied au lendemain de la déchéance de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika par son vice-ministre de la Défense pour régler ses comptes et emprisonner à tours de bras, en violation totale des lois de la République. Cette organisation criminelle prenait ses ordres d’institutions extrajudiciaires.
Des exécuteurs, dont Djamel Gasmi, le désormais ex-président de la Cour d’Alger, travaillaient sous la houlette du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, qui recevait ses ordres du général Wassini Bouazza, l’ancien directeur de la sécurité intérieure. Cette machine broyeuse a été mise en place pour pouvoir monter des dossiers fallacieux et intenter des procès expéditifs par des magistrats aux ordres. Comment cette machine fonctionnait-elle ? Le ministre de la Justice instruisait l’inspecteur général de fomenter un dossier contre une personne à incarcérer, ce dernier chargeait les procureurs territorialement compétents de mettre à exécution le plan par téléphone, donc de façon tout à fait illégale. Le verdict, la date et le déroulement du procès étaient fixés par le directeur général des affaires judiciaires et juridiques au ministère de la Justice.
La purge opérée par Belkacem Zeghmati en octobre 2019 participait de cette machination diabolique après que le ministre de la Justice, aujourd’hui frappé d’interdiction de sortie du territoire national et dont le limogeage n’est qu’une question de temps, eut constaté qu’un mouvement de contestation couvait. Le Syndicat national des magistrats et le Club des magistrats étaient montés au créneau pour dénoncer la mainmise de forces extrajudiciaires sur la justice, allusion directe à l’ancien directeur général de la sécurité intérieure. Avant eux, les avocats pointaient du doigt de façon plus directe le général Wassini Bouazza et, donc, corolairement, ses pions au ministère de la Justice et au sein de l’institution judiciaire.
Le nettoyage qui avait concerné les services de sécurité allait inexorablement être suivi par une action similaire dans le secteur de la justice, dévoyé par une poignée de ripoux qui ont en fait un instrument au service d’une organisation mafieuse en voie de démantèlement.
A. S.
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