Lévy surfe sur le sang des Libanais et appelle Macron à néocoloniser le Liban
Par Karim B. – Le «sauveur» des Libyens et des Syriens a tenu de graves propos, jeudi soir, sur la chaîne française d’information en continu LCI. Bernard-Henri Lévy a clairement appelé Emmanuel Macron à aller de l’avant dans sa politique d’ingérence dans «l’ancien protectorat français» et à réformer le système politique au Liban. Le porte-voix de l’Internationale sioniste en France a rebondi sur une harangue prononcée par le président français au milieu de la foule à Beyrouth pour l’encourager à néocoloniser ce pays arabe, secoué par une grave crise économique, politique et, depuis ce mercredi, un drame qui a fait près de 150 morts et plusieurs milliers de blessés.
Bernard-Henri Lévy, qui ne s’est pas départi de sa superbe habituelle quand il s’agit de donner des leçons aux «sous-Etats à civiliser», a affirmé que «la France doit donner un coup de pied dans la fourmilière, dire que ce n’est pas possible ce non-Etat. On parle d’Etat souverain, il n’y a pas d’Etat souverain au Liban, il y a un Etat communautarisé, confessionnalisé, qui arbitre entre des intérêts divergents, dénoncer cela, le dire au lendemain de cette catastrophe épouvantable, c’est juste. Macron a raison, il fallait que quelqu’un le dise».
Le «philosophe» va-t-en-guerre campe sur ses positions interventionnistes qui ont transformé la Libye et la Syrie en un champ de ruines : «Le droit d’ingérence est inscrit depuis maintenant quelques années dans le droit international. La non-ingérence ne veut pas dire le droit pour une nomenklatura corrompue, cynique, indifférente, de lessiver, de tondre, de martyriser son propre peuple.» Et de surenchérir : «La souveraineté du Liban, ce n’est pas celle d’une bande de nantis qui ont fait main basse sur les richesses du pays. Quand la souveraineté devient ça, il est juste de dire non et il est juste de prendre le parti du peuple. Ce que vient de faire Emmanuel Macron [s’inscrit] dans la plus belle tradition de la France quand elle est grande.» «La France est grande aujourd’hui», a-t-il martelé.
«Ceux qui voient dans cette attitude un réflexe de néocolonialisme sont obtus», a argué Bernard-Henri Lévy en réponse à de larges pans de la société française qui ont dénoncé vigoureusement le comportement d’Emmanuel Macron à Beyrouth, lequel a affirmé qu’il allait «[leur] (les dirigeants libanais, ndlr) proposer un nouveau pacte politique» et qu’il allait «revenir le 1er septembre» pour juger de visu l’exécution de la feuille de route de Paris.
Pour Bernard-Henri Lévy, cette sortie incongrue du Président français est un «électrochoc» qui «veut dire [que] ça ne peut plus durer, un pays qui est contrôlé par le Hezbollah» et «sur lequel tous ses pays voisins et toutes les puissances régionales viennent vider leurs querelles [car] ils [le] considèrent tous comme une sorte de paillasson où ils viennent s’essuyer les pieds après ou avant de se faire la guerre». Autrement dit, aucun pays n’a le droit de s’ingérer au Liban, hormis la France.
Usant d’une indécente ironie, l’auteur de Barbarie à visage humain – qu’il a sans doute écrit en se regardant dans un miroir – a estimé, avec un rire sardonique, que «s’il fallait attendre les Nations unies, dont on connaît l’efficacité et dont on connaît les extraordinaires résolutions, pour prendre conscience de tout ça, il n’y aurait plus un Libanais au Liban».
Ce à quoi un journaliste du quotidien L’Humanité, présent sur le plateau de LCI, a répondu, pour résumer l’effronterie insolente de Bernard-Henri Lévy : «La catastrophe au Liban et la situation du Liban méritent mieux que des effets de tribune.»
K. B.
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