Amar Cheballah alias Saïd Radjef victime de la pègre de Draâ El-Mizan
Par Youcef Benzatat – Amar Cheballah, militant de longue date pour un Etat de droit, démocratique et social, agissant sous le pseudonyme de Saïd Radjef, comparaîtra le 17 août 2020 devant la cour d’appel de Tizi Ouzou pour «outrage à magistrat».
Blogueur, journaliste indépendant, militant politique, Amar Cheballah ne ratait aucune occasion pour dénoncer les dérives du système : la fraude électorale, la corruption et surtout le dévoiement de la justice à des fins personnelles et claniques. Bien évidemment, ses dénonciations n’ont jamais été du goût du système et encore moins de la pègre locale de Draâ El-Mizan, wilaya de Tizi Ouzou, où il réside. Fin analyste politique, très prudent dans ses conclusions, sa stratégie discursive n’a pas permis de donner l’occasion à la police du Web, qui sévit contre les militants du Hirak, de l’interpeler et l’emprisonner.
Son aversion pour toute dérive du Hirak, son adhésion aux idées constitutionnalistes du Mouvement populaire, sa dénonciation sans scrupule des compromissions avec des officines étrangères de l’islam politique et du nationalisme ethnique berbériste font de lui un authentique patriote qui échappe à toute légitimation de sa poursuite dans le cadre de la répression judiciaire en cours contre les militants politiques.
En plus de jouir d’une popularité auprès des humbles militants du Hirak, pour sa jovialité, sa sympathie, son pacifisme, son esprit de camaraderie, son honnêteté et son humanisme débordant, son patriotisme n’ont d’égaux que celui du milieu dans lequel il a grandi et où il a été formé au militantisme. Natif d’Ighil Imoula, il a eu pour deuxième père le moudjahid Ali Zamoum, auteur du premier tirage massif de la déclaration du 1er Novembre 1954 pour le déclenchement de la Révolution de libération nationale de l’emprise du colonialisme français, dont le frère, le colonel de l’ALN Si Salah, de son vrai nom Mohamed Zamoum, était pendant un temps le commandant de la Wilaya IV historique.
Amar Cheballah dérangeait sans aucun doute la pègre locale de Draâ El-Mizan par ses écrits dénonciateurs des dérives dont ils étaient impliqués. A l’affut de tout ce qui se passe dans sa région, il apparaissait, à leurs yeux, certainement, comme un empêcheur de tourner en rond et représentait une véritable menace pour leur impunité. Ils guettaient la moindre occasion pour l’empêcher de leur nuire. Cette occasion s’est produite comme une aubaine pour leur voracité lorsque Amar Cheballah s’est précipité lui-même dans la gueule du loup par un excès d’indignation. En fait, la veuve d’Ali Zamoum, qui l’a élevé comme un fils, l’a mandaté par procuration de se faire délivrer à son profit son casier judiciaire du tribunal de Draâ El-Mizan, étant très âgée pour se déplacer elle-même dans un contexte de pandémie et de canicule.
Devant le refus du procureur de lui délivrer le casier judiciaire, Amar Cheballah avait laissé s’exprimer sa colère et son indignation devant ce dévoiement de la justice dans un post sur sa page Facebook, qu’il avait aussitôt supprimé 27 minutes plus tard. C’était trop tard. La pègre qui surveillait ses gestes et ses paroles instantanément avait réussi à faire une capture d’image de son texte et il fut interpellé dans la foulée, le jour d’après, soit le 30 juin 2020. Le 1er juillet, il fut jugé et condamné dans la précipitation à un an de prison ferme, deux ans avec sursis et cinq millions d’amende pour outrage à magistrat. Au moment où le procureur avait demandé une peine surréaliste de cinq ans de prison ferme.
Depuis, il est incarcéré à la prison de Tizi Ouzou. Alors qu’un tel délit, s’il était avéré, n’est condamnable tout au plus que par une amende symbolique. Le pire, la veuve d’Ali Zamoum fut empêchée par le procureur de témoigner à l’audience et fut «jetée» du tribunal par une femme de ménage sous le prétexte fallacieux qu’elle devrait nettoyer l’endroit où elle s’est posée pour récupérer de sa fatigue, étant donné son âge avancé et la canicule qui sévissait à l’extérieur du tribunal.
L’affaire sera rejugée le 17 août 2020 au tribunal de Tizi Ouzou. Amar Cheballah n’a trouvé comme avocat pour le défendre que son ami Karim Yefsah, avocat à la cour de Tizi Ouzou, épaulé par deux autres avocats de son cercle d’amis dans la profession. Il n’y aura pas de comité d’avocats pour défendre sa cause, ni de solidarité internationale pour faire pression sur le pouvoir algérien, ni médiatisation de l’injustice qu’il subit par les médias qui ont pignon sur rue et qui s’autoproclament en tant que contre-pouvoir. Affaire à suivre…
Y. B.
Comment (2)