Baisse des exportations du gaz d’ici 2030 : Attar remet sur la table le gaz de schiste
Par Mounir Serraï – En marge des travaux de rencontre gouvernement-walis, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, a mis sur la table la question de l’exploitation du gaz de schiste inscrite dans le programme du Président mais mise en sourdine suite aux protestations des habitants du Sud. En effet, le ministre, qui a déclaré la fin proche de la rente pétrolière et gazière, ne trouve pas d’autres alternatives à la baisse des exportations du gaz prévue dès 2030. Pour lui, si le groupe Sonatrach n’arrive pas à faire de nouvelles grosses découvertes, l’Algérie ne pourrait pas honorer ses engagements avec les principaux clients. «Sachez qu’avec les réserves prouvées actuellement et les besoins internes en constante expansion l’Algérie sera amenée à réduire ses exportations de gaz.»
Ainsi donc, précise le ministre de l’Energie, «d’ici 2030, l’Algérie ne pourrait exporter que 25 à 30 milliards de mètres de cubes de gaz». Abdelmadjid Attar voit donc «la nécessité d’explorer, d’améliorer les taux de récupération», mais surtout aller vers les énergies non conventionnelles. Le ministre estime dans ce sillage nécessaire d’aller vers le gaz de schiste à partir de 2030. «Pourquoi pas aller au gaz de schiste, si c’est nécessaire à cause des besoins intérieurs au-delà de 2030», affirme Attar qui remet ainsi sur la table la question controversée de l’exploitation du gaz de schiste, une option rejetée et combattue par, notamment, les populations habitant le sud du pays à cause des risques environnementaux. Le raisonnement d’Attar est simple : si on veut satisfaire les besoins nationaux en gaz et garder le même niveau d’exportation, il faudra aller vers le schiste.
Mais le gaz de schiste, qui provient de la fracturation hydrique, est vivement contesté pour des raisons environnementales. De nombreux pays, notamment, en Europe, qui sont importateurs de gaz, refusent de recourir à cette ressource très polluante. Aux Etats-Unis, où le gaz de schiste est exploité depuis une dizaine d’années, les conséquences écologiques sont catastrophiques.
En Algérie, les spécialistes en environnement craignent fortement pour la nappe albienne, qui constitue la grande réserve souterraine d’eau douce au monde. Le risque d’une contamination de cette nappe, qui s’étend sur une zone deux fois plus grande que la France, est posé.
Les gouvernements successifs depuis 2016 ont tous assuré que l’exploitation du gaz de schiste ne pourrait se faire sans le respect strict de l’environnement. Mais peut-on vraiment extraire le gaz de schiste sans affecter l’environnement ? Il n’y a aucune certitude.
M. S.
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