Le journaliste marocain Ali Anouzla : «Le Makhzen a très peur de la rue !»
Par Karim B. – Le journaliste marocain Ali Anouzla a expliqué pourquoi le Makhzen n’aura jamais le «courage» d’aller vers une normalisation avec l’entité sioniste, malgré les pressions qu’il subit de la part de l’architecte de la trahison de la cause palestinienne par des Etats arabes, Jared Kushner, conseiller et gendre du président américain Donald Trump.
Pour Ali Anouzla, qui a abordé le sujet dans une tribune parue dans Al-Araby – proche du Qatar –, «il n’y a pas un seul homme politique au Maroc qui osera normaliser les relations avec l’entité qui viole les droits du peuple palestinien de peur d’une réaction de la rue marocaine qui considère la cause palestinienne comme une cause nationale sacrée». Les Etats-Unis ont espoir de pouvoir convaincre Mohammed VI de rallier la cohorte de dirigeants du Golfe qui ont adhéré au plan américain qui vise à former un bloc israélo-arabe face à la «menace chiite», mais tous les indicateurs montrent qu’une telle démarche est impossible.
Le journaliste marocain rappelle, pourtant, que plus d’un million de citoyens originaires du Maroc sont établis en Israël et constituent la deuxième plus grande communauté après les Russes. «Beaucoup d’entre eux sont toujours attachés à leurs racines culturelles au Maroc et visitent le pays de leurs ancêtres chaque année, à l’occasion des fêtes religieuses liées à des endroits sacrés pour eux dans plusieurs villes, villages et montagnes marocains.» «D’un autre côté, ajoute-t-il, le Maroc a le plus grand nombre de citoyens de confession juive dans le monde arabe.»
Cependant, explique le directeur du site Lakome, censuré au Maroc, de grands noms juifs marocains militent pour la cause palestinienne et dénoncent le régime de Tel-Aviv. Ali Anouzla mentionne notamment le militant Abraham Sarfaty qui a passé dix-sept longues années à la prison de Tazmamart. Le journaliste cite également le cas d’un militant juif berbère, Sion Assidon, emprisonné de 1972 à 1984 pour avoir réclamé un régime démocratique au Maroc mais qui continue, du haut de ses 72 ans, à combattre tout rapprochement avec Israël.
Parmi les Marocains de confession juive qui s’opposent à l’établissement de relations avec l’Etat hébreu, Ali Anouzla se réfère également à l’écrivain marocain installé en France Jacob Cohen, fervent opposant au sionisme qui a accordé plusieurs interviews à Algeriepatriotique. «Jacob Cohen n’hésite pas à exprimer à haute voix son hostilité à l’égard du sionisme et à démasquer l’infiltration ou les tentatives d’infiltration de ses bras tentaculaires dans les médias, la diplomatie et l’économie marocains.»
Le journaliste révèle, enfin, que les quelques voix qui s’élèvent au Maroc pour appeler à une normalisation avec Israël sont poussées par des «parties au sein de l’Etat profond» qui «n’osent pas exprimer leur opinion avec courage», faisant certainement allusion au très influent conseiller du roi, André Azoulay. «Cette polémique ne sera guère plus qu’une tempête dans un verre d’eau, tant la normalisation ne peut devenir réalité avec un simple article dissonant, publié dans un journal hébreu dont le propriétaire flagorne les sionistes ou des déclarations émanant d’individus pro-israéliens sans aucune profondeur dans la société, car la normalisation populaire dont rêvent les sionistes ne se réalisera pas tant que ne sera pas levée l’injustice commise par le mouvement sioniste contre le peuple palestinien».
K. B.
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