Constitution : les aveux de Tliba sur l’APN mettent Tebboune dans l’embarras
Par Abdelkader S. – Les révélations faites par l’ancien vice-président de la chambre basse du Parlement devant le juge mettent le président de la République dans l’embarras. Les graves informations dont Baha-Eddine Tliba a fait part au tribunal sur la manière dont les sièges étaient monnayés à coups de milliards à l’APN rendent la soumission de la nouvelle Constitution à cette Assemblée corrompue caduque.
Les citoyens sont sidérés par le degré de déliquescence qui règne au sein d’une institution censée les représenter mais qu’ils n’ont jamais reconnue en tant que telle. Et le pavé que l’ancien député d’Annaba vient de jeter dans la mare a achevé de disqualifier définitivement le Parlement au moment même où le Conseil des ministres vient de valider le texte de la nouvelle Loi fondamentale avant d’être présentée aux «députés» pour son adoption. «A Assemblée illégale, Constitution illégale», s’insurgent des observateurs avisés qui demandent la dissolution pure et simple de l’APN et du Conseil de la nation, la chambre haute, elle aussi gangrenée par l’argent sale.
Comment le président Tebboune va-t-il résoudre ce énième problème cornélien ?
Dissoudre le Parlement fausserait tout son programme politique, fondé sur le changement urgent de la Constitution pour, argue-t-il, pouvoir refonder la République tel que réclamé par le mouvement de contestation populaire «authentique» auquel il a réitéré son soutien. Une telle décision ferait capoter son plan à court et moyen termes, alors qu’il a assuré qu’il ne ferait qu’un seul mandat de cinq ans. Une période qui ne lui suffirait assurément pas pour matérialiser ses ambitions de changement radical du système hérité du règne bidécennal d’Abdelaziz Bouteflika.
Maintenir le cap sur un vote de la nouvelle Constitution par une Assemblée croupion non reconnue par les citoyens et décriée par l’écrasante majorité des Algériens accentuerait le déficit de légitimité dont souffre le nouveau pouvoir issu d’élections présidentielles contestées. Abdelmadjid Tebboune s’en trouverait amoindri, et toute son action serait annihilée par le principe suprême du système juridique de l’Etat qu’est la Constitution ainsi avalisé par de faux élus usurpateurs et dissolus.
Il lui sera alors impossible de convaincre l’opinion publique d’adhérer à sa démarche, fût-elle sincère.
A. S.
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