Gisèle Halimi détrône Napoléon ou quand les Français révisent leur histoire
Par Houari A. – Le maire de Rouen, une ville du nord de la France, ne veut plus de la statue de Napoléon devant l’hôtel de ville. Au symbole des campagnes et de l’expansionnisme, il préfère celui de l’avocate des causes justes, Gisèle Halimi. Déboulonnée pour restauration, la statue de l’empereur pourrait ne plus occuper le centre-ville. Mais cela fait polémique. L’extrême-droite maugrée, d’ores et déjà, en arguant que «Gisèle Halimi née Zeiza Gisèle Elise Taïeb, était une Tunisienne, se revendiquait comme telle et fut aussi une porte-valise du FLN, une résistante, disait-elle, sauf que c’était contre la France».
Les médias se sont fait l’écho de cette décision du maire socialiste Nicolas Mayer-Rossignol «qui voudrait lancer un débat et une consultation citoyenne sur l’avenir de cette place centrale à Rouen, le temps que dureront les réparations», de la sculpture de Napoléon. «Il aimerait qu’une figure féminine occupe cette place de choix dans le centre-ville», expliquent ces médias qui relaient le tweet de l’élu à ce sujet : «J’assume la dimension symbolique forte de cette proposition. Il serait formidable que Rouen soit la première ville de France à accueillir, place de la Mairie, une statue ou une œuvre d’art dédiée à Gisèle Halimi, figure de la lutte pour les droits des femmes. Le débat est ouvert !»
L’avocate féministe, décédée le 28 juillet dernier à l’âge de 93 ans, va-t-elle trôner à la place de la statue équestre érigée en 1865 ? «Il n’est bien entendu pas question de la détruire !» a précisé le maire. Les médias français retracent le passé honorable de l’avocate, décrite comme une «inlassable combattante pour les droits des femmes, avocate engagée, ancienne députée et autrice» qui a reçu une «pluie d’hommages» au lendemain de sa disparition.
Une grande polémique a été soulevée par la décision de plusieurs maires de faire disparaître des statues faisant référence au passé colonial et raciste de la France, suite à l’affaire Georges Floyd, aux Etats-Unis, un citoyen américain de couleur décédé suite à une interpellation policière brutale. La mort de cet Afro-Américain a provoqué une onde de choc à travers toute la planète et de nombreux pays occidentaux ont décidé de retirer des monuments d’hommes politiques et de militaires incarnant l’esclavage, la colonisation et la guerre.
H. A.
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