Atteintes aux droits de la défense : les avocats se rebiffent
Par Mounir Serraï – Il n’y aura pas de robes noires dans les salles d’audience des tribunaux d’Alger à partir de ce dimanche 27 septembre. Souvent humiliés et méprisés, les avocats se rebiffent. Ils décident ainsi d’un mouvement de grève pour défendre les droits de la défense. Autrement dit, le droit de défendre dans la sérénité sans intimidations d’où qu’elles viennent, notamment de l’appareil judiciaire lui-même.
Le Conseil de l’ordre des avocats, qui a tenu une réunion urgente vendredi, décide de mobiliser tous ses membres pour assister à l’audience de ce samedi en réponse à l’humiliation infligée au bâtonnier Abdelmadjid Sellini. En effet, faisant partie du collectif de défense des personnes impliquées dans le dossier du montage automobile, l’avocat Abdelmadjid Sellini a eu un malaise après une vive altercation verbale avec le juge en pleine audience.
Une audience au cours de laquelle Me Selleni, en un vieux routier de la justice, a vivement critiqué son fonctionnement et les atteintes répétées aux droits de la défense.
C’est suite à cet incident que le Conseil de l’ordre des avocats réagit et se soulève vivement contre les comportements déplacés et attentatoires à la défense et refuse la poursuite des plaidoiries des avocats dans de telles conditions inadéquates. Le Conseil ne se limite pas à cela. Pour défendre le droit à la défense, un principe inaliénable et primordial pour le fonctionnement correct de la justice, le Conseil de l’ordre des avocats décide de boycotter pendant une semaine toutes les audiences. Comme il annonce l’envoi d’une lettre de dénonciation de toutes les atteintes incessantes aux droits de la défense, plus particulièrement celles du président de la première chambre criminelle de la Cour d’Alger. Un rassemblement de protestation devant la Cour d’Alger est prévu pour ce dimanche.
Ainsi, les robes noires refusent de se taire face au non-respect des conditions d’un procès équitable en cette conjoncture où la justice est fortement mobilisée contre les anciens dirigeants et les hommes d’affaires mais aussi contre les militants politiques et les activistes du Hirak.
M. S.
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