Abdallah Zekri : «Il faut éviter toute fausse lecture du projet de loi sur les séparatismes !»
Par Nabil D. – Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a estimé que «la communauté musulmane [de France] a besoin d’être représentée par des hommes réputés pour leur vaste culture, leur érudition théologique et leurs qualités d’hommes de tact et d’entregent». «Une synergie doit être créée pour garantir une conjugaison des efforts qui conduise à des résultats probants pour mieux défendre la communauté musulmane et l’islam du juste milieu, en général», a souligné Abdallah Zekri.
S’exprimant dans une interview accordée au quotidien El-Watan, le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) a estimé que «cet effort commun nous invite à nous élever au-dessus des calculs étroits et à bannir le culte du je». «Il faut, a-t-il insisté, que nous nous mettions à l’esprit le but de nous unir contre ceux qui dégradent les préceptes de l’islam et que nous ne laissions pas la moindre ouverture par où ceux qui dévoient l’islam ou ceux qui lui vouent haine et intolérance pourraient mener leurs malveillantes entreprises».
Invité à donner son avis sur le projet de loi sur les séparatismes, Abdallah Zekri, qui a été reçu par le ministre de l’Intérieur, a indiqué qu’il a fait part de sa «crainte que ce nouveau concept qui a remplacé le communautarisme soit dévié pour devenir un parti pris dépréciatif de la religion musulmane par des cercles connus pour leur animosité viscérale envers l’islam». «Le projet de loi sur les séparatismes est censé, dans son essence, mettre les lois de la République au-dessus des convictions religieuses, quelles qu’elles soient. De ce point de vue, j’adhère évidemment totalement à cette démarche à condition qu’il en soit fait un lieu d’analyse avec le recul nécessaire pour éviter qu’elle glisse vers une islamophobie qui ne dit pas son nom», a-t-il expliqué, en assurant qu’il «adhère, du reste, à la lutte contre l’islam politique et l’islam radical».
«On constate qu’une dichotomie était en train de se produire subrepticement dans la société française sans qu’elle n’ait été suffisamment prise au sérieux», a, en outre, souligné le membre d’une des fédérations de la Grande Mosquée de Paris, selon lequel «la sauvegarde du vivre-ensemble est une urgence sociétale». Aussi, pour Abdallah Zekri, la loi en gestation «devra protéger l’écrasante majorité des citoyens pour lesquels la conviction religieuse individuelle ne peut pas et ne doit pas primer les principes de la République». «Il est clair, a-t-il fait remarquer, que l’islam radical est une des composantes qui font partie du large faisceau de doctrines liberticides à annihiler en se fondant sur les lois».
«La quintessence du projet de loi [doit être] préservée et consolidée pour qu’aucune fausse interprétation ou mauvaise lecture n’en soit faite», a alerté Abdallah Zekri qui appelle à «mettre la loi [sur les séparatismes] à l’équerre avec le besoin exprimé par l’ensemble des communautés de réaliser des avancées rapides dans la cimentation de la société face aux périls menaçants, notamment avec la montée des extrémismes». «Quand je dis extrémismes, je ne parle pas seulement de l’intégrisme islamiste, loin s’en faut, le grand danger aujourd’hui vient aussi de l’exacerbation de l’ultranationalisme en Europe, et la France n’est pas épargnée», a-t-il affirmé.
Abdallah Zekri a rappelé, dans ce sillage, que la France est «prise en étau» entre les extrémistes islamistes et de droite, «deux phénomènes violents qui se sont nourris mutuellement et ont gagné du terrain au fur des années». «Tout le monde aura constaté la recrudescence des actes antimusulmans ces derniers mois. Des mosquées sont profanées, des dirigeants du culte musulman insultés et menacés, des messages haineux et racistes foisonnent sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques affichent leur islamophobie et leur xénophobie ouvertement dans les médias qui leur offre l’opportunité de distiller leur venin, etc.», a-t-il noté.
N. D.
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