Les trois insuffisances du Hirak signe de la médiocrité des élites
Par Youcef Benzatat – Si le peuple est la substance de la Révolution, ses élites en sont les vecteurs, par la production des idées et du sens révolutionnaire, pour l’orienter et le guider vers la voie qui mène à une transition d’un état aliénant vers un état libérateur. Ces élites lanternes, baliseurs des chemins vers la consolidation du processus révolutionnaire, ont fait défaut au mouvement populaire du 22 Février 2019, ce qui l’a amené dans l’impasse.
Cette impasse du Hirak, aujourd’hui, est le signe de l’immaturité des élites médiocres qui activent en son nom, par des discours faussement révolutionnaires, qui ont pour effet de prédisposer la conscience collective aux reflux conservateurs et contre-révolutionnaires et imploser l’unité du peuple autour d’idéologies aussi conservatrices que contre-révolutionnaires.
Voici quelques insuffisances d’analyse, d’appréciation et de conscience dans des projections d’actes irresponsables et porteurs de danger pour la souveraineté nationale, qui jalonnent la médiocrité de leurs discours à prétention avant-gardiste et révolutionnaire.
Insuffisance d’analyse ou aveuglement idéologique
Les élites qui soutiennent généralement la thèse du «qui tue qui» et considèrent les militaires qui ont mené la guerre antiterroriste islamiste, contre les hordes de barbares criminels, qui a failli emporter l’Algérie, de «janviéristes» et d’«éradicateurs», affichent ouvertement leur appartenance idéologique et activent à sa diffusion au sein du Hirak à coup de propagande et de démagogie.
Par ailleurs, prétendre corriger l’histoire du combat libérateur à vouloir restituer l’esprit du 1er Novembre 1954 au peuple, intégralement, c’est promouvoir «l’islam religion de l’Etat», ce qui est, en soi, antinomique avec une transition démocratique qui doit consacrer la souveraineté de l’Etat émancipé du religieux. Ce discours ne rétablit pas la vérité du récit du combat libérateur ; au contraire, il le falsifie car la référence à l’islam dans l’appel du 1er Novembre 1954 répondait à une nécessité d’ériger une idéologie de combat, mobilisatrice contre l’idéologie coloniale qui était structurée du point de vue religieux autour de la chrétienté.
La construction de l’Etat après l’Indépendance devait consacrer la liberté de conscience qui devrait garantir au peuple la liberté de croyance religieuse.
Erreur d’appréciation caractérisée par un penchant au populisme
L’interprétation de l’emblème amazigh comme un signe identitaire et d’unification de l’Afrique du Nord – «Tamazgha» – est une imposture populiste pour fabriquer l’illusion de l’union du peuple algérien, tout en dissimulant à l’opinion le danger ethniciste qui divise ce peuple irrémédiablement. La comparaison avec l’emblème de l’Europe est tout simplement une malhonnêteté intellectuelle insoutenable. Car ce dernier ne se pose pas comme un signe d’unification identitaire sur une base ethnique, mais sur la base de nations laïques, cosmopolites, métissées et transculturelles.
Inconscience et actes irresponsables
La volonté d’internationalisation de la crise politique nationale, en demandant le soutient et l’ingérence de parties étrangères, ne va pas dans le sens de la souveraineté nationale et aura inévitablement pour conséquences la partition du territoire national, l’effondrement de l’Etat et l’accentuation de la néo-colonisation.
K. B.
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