Des intellectuels français appellent à dissoudre les organisations islamistes
Par Mohamed K. – Politologues, historiens, députés, journalistes, juristes, universitaires, présidents d’associations et acteurs de la société civile ont adressé une lettre ouverte au président français, Emmanuel Macron, à dissoudre l’organisation Musulmans de France, satellite de la secte des Frères musulmans, représentée par le prédicateur Youssef Al-Qaradawi. Les signataires du texte appellent, en outre, à «combattre l’hydre islamiste» en «frappant sa matrice idéologique au cœur».
«Lutter contre l’islamisme, c’est combattre les réseaux terroristes. Mais c’est aussi combattre l’idéologie qui les alimente. On sait que cette idéologie comporte deux variantes : le salafisme et la mouvance des Frères musulmans», soulignent les initiateurs de la lettre, qui relèvent que si le salafisme «est aujourd’hui bien connu et identifié» et «son influence repérée», il n’en est pas de même pour «l’autre courant de l’idéologie islamiste». Selon eux, les penseurs des Frères musulmans, «qui prônent un islam politique et totalitaire» et «dont le but est d’imposer l’hégémonie de la loi islamique», «ont inspiré le djihadisme mondial».
La branche française des Frères musulmans est représentée par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), renommée Musulmans de France en 2017 «par calcul politique», font remarquer les auteurs de l’appel à son interdiction, qui précisent que celle-ci a été «implantée en France depuis les années 1980 par des militants islamistes étrangers». «Cette organisation historique des Frères musulmans a réussi à s’imposer auprès des gouvernements successifs», dénoncent-ils, en accusant cette organisation islamiste d’œuvrer à «faire basculer l’ensemble des musulmans […] dans un islam fondamentaliste».
«Il faut aussi s’attaquer à la structure historique de l’UOIF, avec ses prédicateurs, ses théologiens et ses canaux de diffusion : les Instituts européens des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon et Saint-Denis, l’association Havre de savoir, ses écoles confessionnelles, ses mosquées, ses diverses associations. Toutes ces structures, parfaitement connues et identifiées par les services de l’Etat, sont directement affiliées à l’UOIF», alertent les intellectuels français, parmi lesquels la philosophe et islamologue d’origine algérienne Razika Adnani.
Les signataires de la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron rappellent que «le principal théologien des Frères musulmans, Youssef Al-Qaradawi, membre du comité scientifique de l’IESH de Château-Chinon, est la référence spirituelle des deux IESH et de l’UOIF» et demandent une adaptation «urgente» de l’arsenal juridique français «à la réalité» car, insistent-ils, «il est inacceptable que des organisations islamistes en France […] reçoivent des financements d’Etats étrangers, comme le Qatar».
Les auteurs de l’appel dénoncent ce qui s’apparente au «qui tue qui» appliqué par les islamistes aux services de sécurité français après la décapitation d’un enseignant, en pointant un doigt accusateur en direction du «secrétaire général qatari de l’Union internationale des savants musulmans (UISM), Ali Al-Qaradaghi, qui prétend que l’assassinat de Samuel Paty est une manipulation des services de renseignement français». Tout en comparant l’idéologie islamiste à l’idéologue nazie, les signataires concluent qu’«il est de notre devoir de combattre de façon implacable l’idéologie islamiste qui arme ceux qui commettent sans relâche des attentats sanglants».
L’Algérie, qui a compris la grave menace que représentait la mouvance islamiste, a dissous le parti extrémiste FIS dès le début des années 1990, pendant que le président socialiste de l’époque, François Mitterrand, appelait à sa réhabilitation et ouvrait les portes de la France à ses militants pour s’y réfugier, y collecter de l’argent pour les maquis terroristes en Algérie et y mener des opérations de radicalisation dont on voit clairement les conséquences trente ans plus tard.
M. K.
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