Les raisons cachées de l’appel du pied de Macron au président Tebboune
Par Karim B. – Quoi qu’il dise sur l’Algérie, le président français, Emmanuel Macron, subit un feu nourri de ses détracteurs en Algérie et en France. Sa dernière sortie, dans l’interview qu’il a accordée au magazine Jeune Afrique, n’a pas plu à certains milieux en Algérie qui y ont vu, encore une fois, une «ingérence dans les affaires intérieures du pays». C’est surtout chez l’opposition que ça jase. Cette dernière ne voit pas d’un bon œil le «soutien» de Paris au président Tebboune, au moment où, espérait-elle, la France allait lâcher le pouvoir en Algérie suite, notamment, à l’incarcération du journaliste Khaled Drareni.
Ce que les animateurs du Hirak considéraient comme le «faux pas» de trop des tenants de la décision politique en Algérie qui allait leur faire perdre un «allié» a finalement fait pschitt. L’argument s’est avéré inopérant d’autant que la France elle-même est secouée par des manifestations et des arrestations de journalistes qui dénoncent la «loi de sécurité globale» qui restreint la liberté de la presse. L’arrestation de notre confrère Khaled Drareni n’aura pas suffi pour servir d’alibi à ceux qui cherchent à instrumentaliser le Hirak pour faire aboutir les agendas de leurs ordonnateurs et pourvoyeurs de fonds, notamment les islamistes de Rachad.
En France aussi, les déclarations d’Emmanuel Macron ne laissent pas indifférents à chaque fois qu’est évoquée l’Algérie ou la colonisation. Et l’extrême-droite n’est pas la seule à attendre le locataire de l’Elysée au tournant, dans ces moments de crises multiples. On se souvient du tollé général provoqué par les propos tenus à Alger par le successeur de François Hollande, alors qu’il n’était encore que candidat à la présidentielle. En dénonçant les crimes commis par la France coloniale, Emmanuel Macron a fait se soulever contre lui une frange de la société française qui l’accusait d’avoir trahi ceux qui sont morts pour la France et tourné le dos aux harkis.
La nouvelle sortie du président français tombe mal, en ce qu’elle intervient au lendemain de son soutien aux caricatures du Prophète Mohamed alors même que des intellectuels et des personnalités politiques français ont condamné cette attitude qui a suscité un vent de colère dans tout le monde musulman. Emmanuel Macron cherche-t-il à atténuer cette large désapprobation dont il est le sujet à quelques encablures de la fin de son premier mandat en sachant qu’il est fort peu probable que les Français le lui renouvellent ?
Emmanuel Macron, comme tous les présidents qui l’ont précédé, aura besoin de l’Algérie dans sa course à sa propre succession. C’est dans cette perspective qu’il a fait un appel du pied au président Tebboune, d’autant que la France, comme l’Algérie, vit une crise sociale délicate dont les conséquences seront ressenties dans un pays comme dans l’autre.
L’Algérie devrait jouer cette carte dans le règlement des épineux dossiers qui minent la région.
K. B.
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