Révélations d’un ex-espion sur les activités secrètes du Maroc en Espagne
Par Kamel M. – Le journaliste et écrivain René Naba dévoile la «face cachée des relations entre le Maroc et l’Espagne» à travers les révélations d’un ancien agent secret espagnol. L’article du directeur du site Madaniya intervient à la veille de la visite officielle que le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, doit effectuer au Maroc le 17 décembre prochain, «sur fond de tension renouvelée entre le royaume chérifien et le Front Polisario […] faisant craindre une reprise des hostilités entre les deux protagonistes de ce conflit».
René Naba explique que l’ancien agent espagnol «déclare avoir réussi à infiltrer les services marocains du renseignement», en affirmant que «le grenouillage des services marocains en Espagne est un sujet tabou au sein du personnel politique espagnol en raison du caractère sensible du sujet». «Contrairement aux déclarations publiques mettant l’accent sur l’importance de la coopération entre l’Espagne et le Maroc, la réalité est différente sur le terrain», fait remarquer l’ancien espion, selon lequel «les services de renseignements marocains, de même que le ministère des Biens religieux, s’emploient, certes, à préserver la communauté musulmane d’Europe, particulièrement la communauté marocaine, de toute tentation intégriste, mais veillent, dans le même temps, à maintenir leur emprise sur cette communauté via la religion».
«Le Maroc peut ainsi, ajoute-t-il, mobiliser la communauté musulmane, particulièrement marocaine, au service des intérêts du royaume comme moyen de pression à l’encontre des pays hôtes de ces communautés». «Ce contrôle, souligne encore l’ancien officier du renseignement espagnol, a eu pour effet de limiter le libre exercice du culte des musulmans désireux de vivre leur croyance différemment du rite officiel marocain, le rite malékite, différent du rite saoudien wahhabite».
Autre mission confiée aux agents marocains activant sur le territoire ibérique, explique l’agent espagnol à la retraite, «le repérage et le pistage des sympathisants du Front Polisario et des sympathisants de la province rebelle du Rif». Par ailleurs, fait-il savoir, «la coopération est tarifée entre le Maroc et l’Europe dans le domaine de l’immigration clandestine et le trafic des stupéfiants en ce que le royaume chérifien est le principal producteur et exportateur de stupéfiants dans le monde». «Les stupéfiants, ajoute-t-il, constituent l’arme privilégiée du Makhzen, particulièrement l’entourage du roi, en vue d’obtenir une réciprocité de traitement dans les rapports du Maroc avec les Européens.»
Et de faire cette révélation : «Les annonces répétitives de Rabat concernant le démantèlement de réseaux terroristes au Maroc relèvent d’une tactique visant à contraindre les Européens, notamment l’Espagne et la France, à maintenir leur coopération, de même que leurs subventions, en contrepartie d’informations fournies par le Maroc sur les mouvements migratoires et le trafic des stupéfiants.»
K. M.
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