Le silence (coupable ?) d’une certaine élite intellectuelle du pays
Par Nacer Achour(*) – Quand elle ne vient pas nous rabâcher à longueur de productions littéraires le mot transition démocratique ou quand elle ne va pas se plaindre au Parlement européen sur la violation des droits de l’Homme ou écrire une Lettre ouverte à Macron, la classe politique dite d’opposition, toutes tendances confondues, à l’exception du président de Jil Jadid, semble dépassée par les évènements ou ne sachant sur quel pied danser.
Pourtant, le pays traverse des moments trop difficiles pour une équipe au pouvoir qui a hérité d’une situation catastrophique induite par un pouvoir personnel du président Abdelaziz Bouteflika avant sa maladie et par l’usurpation de ses fonctions, par la suite, par son entourage immédiat qui avait tout fait pour reconduire un homme absent pour un cinquième mandat, situation qui aura duré en tout et pour tout une vingtaine d’années.
Pourtant, c’est dans les moments difficiles que tout Algérien qui se respecte doit faire preuve d’humilité : dire quelque chose de bien ou se taire. Oui, combien nous aurions aimé que tous ces «politiques» se taisent quand ils n’ont rien d’autre à proposer que l’invective, le mensonge et le mépris de soi.
Peut-on sérieusement parler d’une période de transition ou de débat national à l’heure où le pays est encerclé de toutes parts ? Peut-on sérieusement parler d’une période de transition ou de débat national alors que «la reprise des hostilités entre le Front Polisario et le Maroc risque de dégénérer en un conflit aux conséquences désastreuses sur tout le pourtour méditerranéen ?» dixit Algeriepatriotique.
Peut-on sérieusement parler d’une période de transition ou de débat national au moment où «des manœuvres étrangères visent à déstabiliser l’Algérie», au moment où «il y a volonté de l’entité sioniste de se rapprocher de nos frontières» pour reprendre les propos mêmes du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, dans sa première réaction à la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec l’Etat hébreux ?
Peut-on sérieusement parler d’une période de transition ou de débat national dans un contexte de guerre où le chef d’état-major de l’ANP a carrément appelé les Algériens à se tenir prêts ?
Dans ce genre de circonstances, sur fond de bruits de bottes et de canons, de crise sanitaire, politique, économique et sociale, tout le monde devrait jouer le jeu et se tenir prêt à toute éventualité.
Car «il est évident que l’armée israélienne est à nos frontières», dit l’analyste Abed Charef sur son compte Facebook, et que cette normalisation avec l’entité sioniste ne fera qu’accentuer cet état de guerre qui prévaut entre nos voisins de l’Ouest, sachant qu’Israël ne manquera pas de fournir une assistance logistique et matérielle conséquente à l’armée marocaine.
S’il est légitime à ce que les Algériennes et les Algériens s’inquiètent sur l’état de santé de leur Président, s’ils sont en droit de se demander où est passé Abdelmadjid Tebboune, il n’en demeure pas moins qu’au bout d’un certain temps il faudrait que les décideurs fassent quelque chose. Nous ne doutons pas de leur capacité à gérer une énième situation de crise politique et à trouver des solutions, même si nous souhaitons de tout cœur que le Président revienne au plus vite, dans les jours, voire les heures qui viennent, dans une santé qui lui permette le retour aux affaires.
Nous écrivions cela tandis qu’à notre insu le Président, pour la plus grande joie des Algériennes et des Algériens qui ont cru en lui, fait sa réapparition, rapportée par AP, en prononçant un discours depuis l’Allemagne, où il dit devoir rester encore deux, voire trois semaines, pour rassurer le peuple.
Plutôt affaibli par la maladie, Abdelmadjid Tebboune donne néanmoins l’image d’un homme déterminé à se remettre en selle et poursuivre le voyage qui avait commencé un certain 12 décembre de l’année passée.
En ce qui nous concerne, nous n’avions jamais mis en doute la source qui nous rassurait quotidiennement à travers sa chaîne, je voudrais remercier ici notre compatriote et frère, l’animateur Saïd Bensedira.
Quant à toutes celles et tous ceux qui prétendent faire partie de l’élite, ils devraient dès à présent prendre le train en marche, apporter leur pierre pour la consolidation et la construction de ce pays. Pays qu’ils disent aimer, qu’ils disent vouloir défendre contre un système qui «a confisqué l’indépendance du pays», en expliquant à notre jeunesse que l’édification d’un Etat fort passe par l’amour de soi, de la patrie et de ses institutions, par l’accomplissement de ses devoirs les plus élémentaires, avant de pouvoir jouir de ses droits les plus naturels et non par le mépris, la haine de soi et des institutions du pays.
Un ami sur Facebook, journaliste de son état, vient de commettre cette publication : «Tebboune a choisi Tweeter pour s’adresser aux Algériens.» C’est tout ce qu’il a trouvé à dire mais cela veut tout dire.
Les jours à venir seront heureux pour ceux qui aiment l’Algérie d’un amour réel mais pleins de déceptions pour le reste.
Que nos politiques se préparent, le code électoral est en voie de finalisation, les élections anticipées suivront forcément. A vos troupes, généraux !
Gloire à nos martyrs !
Vive l’Algérie !
N. A.
(*) Auteur, Essonne (France)
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