Le piège de Trump et Netanyahou échoue : vers la révolte des Marocains
Par Houari A. – Grands renforts de police dans différentes villes marocaines, notamment à Rabat, où les Marocains s’apprêtent à manifester contre la normalisation avec l’entité sioniste. Décision unilatérale du régime qui a enfreint la Constitution marocaine et fait fi de l’avis du peuple marocain sur un sujet sensible qui les engage directement. Chose inédite : les Marocains révoltés tiennent directement pour responsable Mohammed VI jusque-là épargné par la critique et la fronde. Le roi joue son trône contre ses mésalliances rançonnées.
Les réactions intramuros ne se sont pas fait attendre. De très nombreux internautes ont dénoncé l’annonce faite à partir de Washington sans que le peuple marocain ait été informé des tractations secrètes qui se déroulaient entre le Makhzen et Israël, sous la férule de Jared Kushner, gendre du président sortant américain, Donald Trump. «Pas en mon nom !» crient en chœur les Marocains qui qualifient le «réchauffement» – comme l’appellent les Israéliens – de «nakba» (hécatombe), terme qui désigne le déplacement forcé de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël en 1948.
Le piège tendu par les architectes de la normalisation n’a pas fonctionné. En effet, en liant cette dernière à la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental par Washington, Donald Trump, Benyamin Netanyahou et André Azoulay – le conseiller du roi dont les prérogatives dépassent celles du «commandeur des croyants» – visent à rendre tout Marocain qui s’opposerait à la normalisation coupable de trahison par rapport à la question du «Sahara marocain», l’un n’allant pas sans l’autre.
Mais les Marocains ne sont pas dupes. «Honte à nos dirigeants qui ont choisi la Journée internationale des droits de l’Homme pour la normalisation des relations avec Israël, Etat d’occupation, d’apartheid et de crimes de guerre par excellence !» écrit un internaute marocain dont l’avis est partagé par l’écrasante majorité de ses concitoyens, hormis quelques moucherons des services secrets de «sa majesté» qui infestent les réseaux sociaux pour vendre le caractère «judicieux» de la pactisation avec le régime Tel-Aviv.
La révolte couve donc au Maroc où des appels sont lancés pour mettre à bas la politique étrangère suivie par la famille régnante prédatrice qui livre le pays aux puissances étrangères contre des dividendes qui ne profiteront qu’au roi et sa clientèle, estiment les Marocains conscients que les Emirats arabes unis n’ont pas ouvert un consulat dans la ville sahraouie occupée pour des pacotilles. «Les Emirats comptent bien exploiter les richesses halieutiques et sous-terraines sahraouies en contrepartie d’un soutien diplomatique et militaire en faveur du régime de Rabat dans sa guerre contre le Front Polisario et sa rivalité avec son voisin de l’Est», font remarquer des sources proches du dossier.
Dans ce chamboulement géopolitique, le peuple marocain sait qu’il n’a rien à gagner. Bien au contraire, attaché à la cause palestinienne, il est convaincu que non seulement il est poussé, malgré lui, à s’en détourner, mais que, plus grave, il sera appelé à se soumettre au double diktat de Mohammed VI et de son mentor Mohammed Ben Zayed, deux dynastes à l’appétit vorace et dénués de tout scrupule.
H. A.
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