Les Israéliens jouent la carte antisémite pour porter atteinte à l’armée algérienne
Par Abdelkader S. – Une vieille vidéo montrant des éléments des forces de sécurité algériens défilant en scandant des propos contre les juifs circule sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la normalisation du Maroc avec Israël. Une «coïncidence bizarre» qui indique clairement qu’il s’agit d’une action délibérée qui entre dans le cadre de la campagne enragée dont fait l’objet l’Algérie, hostile à l’emballement de certains pays arabes à se jeter dans les bras de l’entité sioniste, abandonnant ainsi la cause palestinienne.
Si des sources estiment que la vidéo en question est un montage et que les chants entendus ont été accolés aux images pour accuser les corps constitués algériens de haine envers les juifs, il n’en demeure pas moins que même si les scansions en question se révélaient authentiques, elles ne sauraient pour autant viser le judaïsme, mais Israël en tant qu’Etat usurpateur des terres palestiniennes et spoliateur des droits du peuple palestinien avec lequel les Algériens font corps.
Dans le parler algérien, «ihoudi» ou «lihoudi» doit être traduit par «sioniste» ou «israélien». Ceux qui, au Maroc, en Israël ou ailleurs cherchent à utiliser ce glissement sémantique – le terme «ihoudi» (au singulier) et «ihoud» (au pluriel) ayant acquis au fil du temps un sens différent de celui d’origine – pour accuser les Algériens d’antisémitisme, ignorent qu’en Algérie l’attachement à la religion musulmane est incommensurable et qu’insulter les juifs reviendrait à profaner le Coran qui cite longuement vingt-cinq prophètes, dont dix-huit proviennent de l’Ancien Testament : Adam, Enoch, Noé, Abraham, Loth, Ismaël, Isaac, Jacob, Joseph, Job, Moïse, Aaron, Ezéchiel, David, Salomon, Elie, Elisée et Jonas.
La confusion est délibérérément véhiculée par les cercles et les médias pro-sionistes qui feignent d’oublier que le géant du cinéma français Roger Hanin a été inhumé, à sa demande, au cimetière jésuite de Bologhine, à Alger, et que des membres de la communauté juive française avaient fait le déplacement en Algérie pour l’accompagner à sa dernière demeure. La dépouille du défunt avait été accueille avec les honneurs et ses proches reçus avec l’amabilité légendaire des Algériens. De même, des pieds-noirs de confession juive ou chrétienne effectuent régulièrement des pèlerinages en Algérie où ils retrouvent d’anciens voisins ou de vieilles connaissances qui leur offrent l’hospitalité avec un sentiment de vif plaisir.
Les slogans anti-israéliens remontent à la guerre israélo-arabe à laquelle a pris part l’armée algérienne qui a gravé son passage en Egypte en lettres d’or. La position des Algériens à l’égard de l’Etat hébreu est demeurée inchangée depuis, le considérant, au même titre que le Maroc, comme une puissance coloniale et prenant, dès lors, fait et cause pour les peuples palestinien et sahraoui qui militent pour la récupération de leurs territoires occupés.
Premier média à relayer la vidéo en question et à épiloguer sur son contenu avec un zèle douteux, la chaîne israélienne i24 qui fait écho à la ruade de Mohamed Sifaoui – «passablement irrité», dit le journaliste israélien de la chaîne de Frank Melloul – qui a réagi à travers un message corrosif posté sur les réseaux sociaux. Le conseiller en communication de Chems-Eddine Hafiz, actuel recteur de la Grande Mosquée de Paris, a écrit, en effet : «J’ai honte pour ce pays qui fut jadis le mien, qui a vendu ses valeurs et son âme, j’ai honte pour ce pays méditerranéen intolérant, corrompu et antisémite.» Une réaction spontanée reprise de façon tout aussi machinale par le média sioniste.
L’accusation d’antisémitisme est proférée à tort et à travers contre toute personne ou tout média qui s’en prend à la puissante et tentaculaire Internationale sioniste. Même Algeriepatriotique n’a pas échappé à cette inquisition bien qu’il compte parmi les intervenants réguliers et amis fidèles du site de nombreuses personnalités intellectuelles et religieuses de confession juive qui s’y expriment librement.
La manœuvre est donc vaine et l’enjeu qui se cache derrière cette instrumentalisation est clair : inscrire l’antisémitisme parmi les griefs qui justifieront, dans un avenir proche sans doute, une agression contre l’Algérie.
A. S.
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