Ces puissants sionistes marocains qui ont imposé la normalisation au roi
Par Sabri Oukaci – Né dans le nord d’Israël, Ram Ben-Barak est un ancien membre des forces de sécurité israéliennes et un homme politique de l’Etat hébreu. C’est en 1976 qu’il rejoint l’armée israélienne pour servir comme soldat de combat puis comme officier dans l’unité commando «Sayeret Matkal». Dans son dernier poste, il a servi comme commandant de la division antiterroriste jusqu’à sa libération en 1981 au grade de capitaine.
En 1984, il opte pour l’agence de renseignement israélienne du Mossad, avant d’accéder au poste de commandant des unités opérationnelles spéciales. Ram Ben-Barak a occupé le poste de chef de la direction opérationnelle, avant de d’être promu au poste de chef-adjoint du Mossad de 2009 à 2011.
Enfin, en homme de confiance du Premier ministre israélien Netanyahou, Ram a été désigné coordinateur des opérations spéciales entre l’armée israélienne et le Mossad. Il aura finalement passé près de 27 années dans l’agence de renseignement.
Sur le plan politique, Ram Ben-Barak a adhéré, le 15 janvier 2018, au parti laïc Yesh Atid, puis a été nommé membre de la Knesset, le Parlement israélien, en avril 2019.
Il est actuellement perçu pour être le futur ministre de la Défense d’Israël et même Premier ministre dans le cas où Benjamin Netanyahou ne pourrait être en mesure de mener à bien sa mission.
De par sa position, Ben-Barak a souvent été sollicité par les nombreuses agences occidentales de réflexion et d’influence et a même pu siéger dans certaines, tel le Center for Middle East Policy, anciennement le Saban Center for Middle East Policy (SCMEP), un centre de recherche fondé en 2002 au sein de la Brookings Institution, axé sur l’implication des Etats-Unis au Moyen-Orient.
L’agence Brookings Institution (BI) est un groupe de recherche américain, fondé en 1916, pour mener des recherches et des études, principalement en économie, politique fiscale, gouvernance, politique étrangère, développement économique et économie mondiale.
Pour rappel, le SCMEP a été nommé en l’honneur du producteur de cinéma et de télévision américano-israélien Haim Saban, qui l’a financé à hauteur de 13 millions de dollars par «intérêt constant pour la promotion de la paix israélo-arabe et la préservation des intérêts américains au Moyen-Orient».
Impliqué, par ailleurs, dans le monde des affaires, Ram Ben-Barak a été président de l’entreprise Fortify Solutions Ltd, tout comme il a été membre du conseil d’administration de nombreuses sociétés dans les secteurs des technologies de l’information, dont Fifth Dimension (FD), une start-up présidée par l’ancien chef d’état-major des Forces de défense israéliennes, le général Benny Gantz, qui a développé une technologie pour résoudre des affaires de police prédictive et d’évaluation des menaces pour les gouvernements et les institutions financières.
La fameuse société israélienne de cyber-surveillance NSO Group, qui commercialise le logiciel espion Pegasus, devait acheter Fifth Dimension, mais le deal n’a pu se faire suite au refus des Etats-Unis d’accepter la transaction, du fait de la présence de l’oligarque russe Viktor Vekselberg dans le conseil d’administration de FD. Celui-ci avait même été questionné par le procureur américain Robert Muller, dans le cadre de l’enquête sur l’implication de la Russie dans les élections américaines.
Pour rappel, le logiciel espion Pegasus développé par la société NSO, soutenue par le ministère de la Défense israélien, avait été installé sur le smartphone de plusieurs personnalités dans le monde pour espionner leurs communications et déplacements. Parmi eux le journaliste assassiné Jamal Khashoggi mais également le journaliste et défenseur des droits de l’Homme marocain Omar Radi, espionné par le gouvernement marocain grâce au logiciel Pegasus, comme l’a révélé l’enquête d’Amnesty International.
Ram Ben-Barak a fait des affaires au Maroc avec Yariv Elbaz, un juif marocain qui est à la tête d’un groupe alimentaire au Maroc, et qui serait, selon nos sources, un proche associé du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Notons que le père de Yariv Elbaz était un proche du milliardaire marocain de confession juive Jo O’hanna, pour lequel il était directeur au sein de la Compagnie marocaine des cartons et papiers, filiale du groupe américain International Paper.
Yariv Elbaz, originaire de Bejaâd, au centre du territoire du Maroc, est né le 28 février 1976 à Kénitra où il a fait ses études. Il obtient son bac en 1994 et poursuit des études supérieures à l’école ESCP Europe dans la capitale française, puis dans une université américaine, avant de rejoindre la banque d’investissement de BNP à Paris. Quelques années plus tard, il fonde une entreprise financière, Keren Finance, puis la Cogef, une société de gestion basée en Suisse et, enfin, le groupe Ycap et Homa capital, installées à Luxembourg et Paris, dans le but d’investir principalement en Afrique.
C’est avec l’autre homme d’affaires marocain issu d’une famille juive Richard Attias que Yariv Elbaz partage son adresse parisienne du 37, avenue Pierre Ier de Serbie mais également quelques déboires internationaux…
En effet, Richard Attias a été longuement cité, avec sa femme d’origine juive Cécilia, l’ex-épouse de Sarkozy, dans le cadre de l’affaire des Panama Papers parmi les personnalités ayant des comptes bancaires suspects dans les paradis fiscaux.
Yariv Elbaz a, quant à lui, vu sa société condamnée en France par l’Autorité des marchés financiers pour des irrégularités et des lacunes administratives, lui ayant coûté en 2016 une sanction pécuniaire d’un montant de 200 000 euros.
Et ce n’est pas la première fois que Yariv Elbaz est cité dans des affaires scabreuses. En effet, c’est lui qui avait présenté le conseiller financier suisse et spécialiste en blanchiment de fonds David Salama à ses amis gabonais. En 2014, Salama va créer la société Verhill Corporate au Panama, propriétaire de l’avion Boeing 737 immatriculé P4-BBJ régulièrement utilisé par Sylvia Bongo, première dame du Gabon !
Verhill est une filiale de YC Invest, une société incorporée dans la zone franche de l’émirat de Sharjah, tout comme YC Energy, la société qui contrôle une filiale du groupe marocain Forafric : Forafric Energy Gabon, également enregistrée par Salama aux Bahamas et citée dans le scandale des Panama Papers.
Forafric est un groupe marocain leader de farine et semoule de blé basé à Casablanca. C’est grâce à son fonds d’investissement Ycap et au fonds souverain gabonais : le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) que Yariv Elbaz a pu devenir le propriétaire de ce groupe qui importe plus de 300 000 tonnes de blé tendre et dur, transformées en farine et semoule et commercialisées sous les marques Maymouna et Ambre qui représentent environ 50% de parts de marché dans les supermarchés du royaume marocain.
«Nous ne savons pas d’où il vient, ni d’où viennent les milliards qu’il investit», se plaint un professionnel du secteur sous couvert d’anonymat. «Nous ne connaissons pas ses intentions» répètent en chœur plusieurs professionnels. «Ce qui se passe est de la responsabilité de l’Etat. Ce sont les autorités qui laissent les étrangers mettre la main sur un secteur stratégique comme la farine», surenchérit un minotier.
«Depuis que le Fonds gabonais d’investissement stratégiques (FGIS) s’est associé au Fonds Ycap, Yariv Elbaz s’est refait une santé au Gabon, sans avoir réalisé aucun des investissements conclus avec son partenaire local», affirment des investisseurs gabonais qui reconnaissent toutefois les liens puissants qui unissent Elbaz à la famille du Président gabonais. Rappelons que le Gabon a ouvert, en début d’année 2020, un consulat à Laâyoune, au Sahara Occidental occupé par le Maroc.
En octobre 2020, la société d’Etat israélienne Europe-Asia Pipeline Company s’est dit prête à s’associer avec Med-Red Land Bridge Ltd, une coentreprise créée par Petromal, société pétrolière et gazière intégrée basée à Abu-Dhabi, et deux entreprises israéliennes : Lubber Line, spécialisée dans l’investissement dans des projets internationaux dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie, appartenant au Israélo-Marocain Yariv Elbaz, et AF Entrepreneurship, une société israélienne détenue par Yona Fogel et Malachi Alper, qui développe et gère des projets et des entreprises dans le secteur de l’énergie.
Le but de cette association, dont la signature a eu lieu à Abu Dhabi en présence du secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, et d’autres responsables américains et émiratis, est de transférer du pétrole brut et des produits pétroliers des Emirats arabes unis vers l’Europe via un pipeline existant qui relie les ports israéliens sur la mer Rouge et la mer Méditerranée.
Là encore, rappelons que les Emirats arabes unis ont ouvert, le 4 novembre 2020, un consulat à Laâyoune au Sahara Occidental, territoire disputé par le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique.
La République démocratique du Congo (RDC) a ouvert, le 19 décembre 2020, un consulat général à Dakhla. Certains observateurs avertis voient là l’œuvre de Saâd Bendidi, membre du conseil d’administration de la Banque commerciale du Congo, mais surtout président non exécutif depuis mars 2018 du groupe agroalimentaire Forafric.
Notons que Saâd Bendidi avait été l’ex-PDG du principal fonds d’investissement privé marocain, aujourd’hui El-Mada, dont le principal actionnaire est la holding de la famille royale du Maroc. Par ailleurs, Saâd Bendidi siège à la tête de Mediterrania Capital Partners, une société de capital-investissement basée à Malte, axée sur les investissements en faveur de PME en Afrique du Nord et Afrique subsaharienne à la recherche de sources de financement.
Ce sont les ramifications tentaculaires de ces groupes militaro-politico-affairistes marocains, liés à Israël et supportant l’Amérique de Trump, qui ont réussi à imposer au roi du Maroc d’établir des relations avec Israël contre la reconnaissance, illégale au vu du droit international, des territoires du Sahara Occidental.
Un minutieux complot préparé par le pouvoir de l’argent incarné par les hommes d’affaires juifs marocains et la discrète, mais néanmoins efficace, présence des représentants militaires israéliens au sein de la monarchie marocaine. Et cela ne date pas d’hier.
Car il ne faut pas oublier que c’est le Mossad qui avait aidé l’ex-roi Hassan II à éliminer l’opposant Mehdi Ben Barka, ni que ce sont les services de sécurité marocains qui ont permis au Mossad d’écouter les réunions des dirigeants arabes à Casablanca avant la guerre des Six Jours, ni que c’est Israël qui a fourni des technologies de renseignement et de surveillance pour organiser les services secrets marocains, et qui a fait pression sur les Etats-Unis pour qu’ils fournissent une assistance militaire au Maroc, en récompense de leur intercession auprès de l’Egypte pour faciliter la signature des accords de Camp David en 1978…
Le nouveau plan de paix au Moyen-Orient présenté par Washington et son pendant marocain qu’est la récente décision controversée de Donald Trump du 10 décembre 2020 s’inscrivent clairement comme conséquence de ce travail patient auquel auront participé de hautes personnalités américaines d’obédience juive, de hauts responsables du gouvernement d’Israël et d’un collectif hébreu proche du Makhzen.
Le plan de paix au Moyen-Orient a été concocté par Avi Berkowitz, avocat et conseiller politique américain de confession juive, actuellement assistant du président Trump et son représentant spécial pour les négociations internationales, en plus d’être conseiller de Jared Kushner, pour qui il a travaillé au sein de la compagnie : Kushner Companies LLC.
C’est toujours Berkowitz qu’on retrouve derrière l’accord de normalisation entre Israël et les Emirats arabes unis, accord obtenu contre l’abandon provisoire du plan d’annexion d’une partie de la Cisjordanie, une menace longtemps brandie par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou…
Enfin, le projet de reconnaissance d’Israël par Mohammed VI a été facilité par l’action de l’émissaire royal et chef de la communauté juive marocaine, Serge Bardugo, un proche de Yosef Pinto, rabbin marocain qui est le conseiller spirituel de Jared Kushner, le propre gendre de Trump, nommé responsable du plan de paix au Moyen-Orient !
Serge Bardugo, chargé il y a quelques années par le roi du Maroc d’organiser un groupe de travail avec d’éminents fonctionnaires juifs israéliens et américains, avait arrangé des rencontres réunissant Yassine Mansouri, très proche confident du roi Mohammed VI et chef des services de renseignement marocains, ainsi que son homologue israélien, Yossi Cohen.
Dans ce sillage, les Etats-Unis ont décidé l’ouverture d’un consulat à Dakhla, en territoire du Sahara Occidental, en vue d’encourager les investissements américains.
Ainsi, ces élites juives marocaines qu’on appelait hier les tu’jâr e’sultân, les commerçants du Sultan en relation avec les autorités du Makhzen, à l’image des familles Tolédano, Devico, Elbaz ou encore O’hana, ont fini par former une élite économico-financière incontournable qui peut jouir aujourd’hui de privilèges inédits au Maroc. C’est grâce à ce pouvoir et à celui de leurs puissants alliés politico-militaires en Israël et aux Etats-Unis qu’ils ont pu imposer au souverain alaouite des décisions largement rejetées par l’ensemble de la population marocaine et du monde libre.
S. O.
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