Jared Kushner lance un avertissement à peine voilé à l’Algérie à partir d’Israël
Par Abdelkader S. – «Il est dans l’intérêt des pays qui campent sur leurs positions surannées hostiles à toute normalisation avec Israël de changer de cap», a, en substance, mis en garde l’architecte de la reconfiguration de la carte du nouveau Moyen-Orient dans une conférence de presse animée à Tel-Aviv conjointement avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Les deux responsables s’exprimaient la veille du voyage que le conseiller et gendre du président américain, Donald Trump, a effectué en compagnie de personnalités politiques et sécuritaires israéliennes au Maroc à bord d’un avion de la compagnie israélienne El Al.
Jared Kushner faisait clairement allusion à l’Algérie, pays voisin du Maroc et Etat pivot dans la région, qui a dénoncé ouvertement et sans ambages le plan israélo-américain en cours d’exécution dans la région, avec le précieux concours du régime d’Abu Dhabi qui joue les entremetteurs entre l’entité sioniste et les dirigeants arabes et musulmans qui négocient la «capitulation» contre des intérêts économiques et financiers.
Dans leur intervention, Kushner et Netanyahou ont expliqué que la normalisation en cours – quatre en quatre mois, se vante le chef de l’Exécutif israélien malmené par l’opposition chez lui –, avaient pour seul et unique objectif de garantir la sécurité de l’Etat hébreu face à la menace iranienne. Il faut comprendre donc que les accords signés par les Emirats, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, en attendant que ces pays soient rejoints par d’autres – le sultanat d’Oman et l’Indonésie – sont à sens unique. Tel-Aviv achète sa sécurité en contrepartie de pacotilles distribuées aux pays arabes normalisateurs. L’un d’entre eux, celui des Emirats arabes unis, a déjà accueilli 50 000 Israéliens, a révélé Netanyahou, quelques semaines à peine après la signature du pacte entre la pétromonarchie du Golfe et le gouvernement vacillant de Netanyahou.
La mise en garde à peine voilée du conseiller de Trump n’est ni une intimidation ni une hâblerie à l’encontre de l’Algérie. Elle signifie implicitement que le processus de normalisation n’en est qu’à sa première phase et que les Etats-Unis – même au-delà du 20 janvier, c’est-à-dire après le remplacement de Donald Trump par Joe Biden – non seulement poursuivront le processus dicté – de toute façon par le lobby sioniste –, mais s’emploieront à le renforcer et à le protéger, en neutralisant les pays qui pourraient constituer une entrave au projet israélo-américain.
A la lumière de la nouvelle carte géopolitique mondiale en cours de façonnage, l’Algérie pourrait subir de plein fouet les contrecoups des enjeux induits par le revirement du monde arabe qui finira tôt ou tard par enterrer la Ligue arabe. Des sanctions économiques insidieuses aux menaces militaires manifestes, Washington, Israël et les pays arabes normalisateurs cibleront l’Algérie pour tenter de la neutraliser en tant que dernier bastion encore debout dans l’édifice arabe en ruine, emporté par le «printemps arabe» dont la seconde étape consiste à appuyer les armes qui tonnent en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen, par des contreseings apposés sur des accords d’union par des marchands politiques consentants.
A. S.
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