Cour militaire de Blida : les généraux Toufik et Tartag, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune acquittés
Les généraux Toufik et Tartag, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune ont été acquittés par la Cour militaire de Blida et les charges abandonnées. Les deux anciens patrons des services de renseignement (DRS et CSS), le frère du président déchu et la présidente du Parti des travailleurs avaient été emprisonnés sur ordre de l’ancien vice-ministre de la Défense pour des accusations fallacieuses montées de toutes pièces par le général véreux Wassini Bouazza, condamné à huit ans de prison dans une première affaire, en attendant d’être jugé pour haute trahison, en compagnie du général Othmane Belmiloud et de l’adjudant-chef Gharmit Bounouira, ancien secrétaire particulier de Gaïd-Salah. Un chef d’inculpation passible de la peine capitale.
Il s’agit du deuxième procès en appel après l’acceptation du pourvoi en cassation introduit par les mis en cause qui ont toujours récusé les accusations portées à leur encontre et réclamé leur innocence.
Les quatre mis ont été condamnés lors de leur procès en première instance en septembre 2019 à de lourdes peines de 15 ans de prison ferme. Lors du procès en appel qui s’est tenu en février 2020, les lourdes peines ont été confirmées contre les généraux Toufik et Tartag et Saïd Bouteflika. Louisa Hanoune, en revanche, a vu sa peine réduite à 3 ans de prison dont 9 mois ferme. Louisa Hanoune, après sa sortie de prison, avait vivement dénoncé sa condamnation et réclamé l’acquittement. Elle avait livré les vraies raisons de cette affaire et de son emprisonnement par Ahmed Gaïd-Salah. «Comme l’ont démontré mes avocats lors des deux procès en première instance et en cour d’appel, il n’y a jamais eu complot mais des rencontres», avait-elle affirmé.
De leur côté, les avocats de la défense ont introduit un pourvoi en cassation en se basant sur le dossier «vide», dénué de preuves tangibles appuyant les accusations. Tout récemment, c’est Zohra Drif Bitat qui a dénoncé cette affaire en critiquant vertement Ahmed Gaïd-Salah qu’elle accusait d’avoir fomenté toute cette affaire.
Le général de corps d’armée Toufik va retrouver sa liberté comme Louisa Hanoune. En revanche, Saïd Bouteflika et le général à la retraite Tartag vont rester en prison puisqu’ils ont été placés sous mandat de dépôt dans d’autres affaires relevant des tribunaux civils.
L’acquittement des accusés tourne ainsi définitivement la page de l’instrumentalisation de la justice militaire par Gaïd-Salah et ses collaborateurs dont la plupart ont soit été jetés en prison pour complot contre l’Etat, soit limogés, à l’image de l’ex-directeur des transmissions, Abdelkader Lachkhem, de l’ancien procureur général près le Tribunal de Blida, le colonel Mohamedi, et de l’ancien directeur de la justice militaire, Amar Boussis, instigateur du décret présidentiel que Gaïd-Salah a fait signer au président par intérim, Abdelkader Bensalah, en août 2019, portant statut particulier des magistrats militaires, lequel devait lui assurer une impunité totale sous couvert de «protection de l’Etat».
Le décret en question stipule que «le magistrat militaire bénéficie de la protection de l’Etat contre toute forme de pression ou d’intervention de nature à influer sur son impartialité et/ou à attenter à son indépendance». Or, cette «couverture» visait surtout à prémunir les exécutants des ordres extrajudiciaires émanant de Gaïd-Salah.
La justice militaire a repris son cours normal depuis l’avènement du président Tebboune au pouvoir. Des mesures d’apaisement devraient suivre pour, à la fois, corriger les graves dépassements enregistrés par le passé et ressouder le front intérieur dans ce contexte marqué par de graves menaces extérieures qui pèsent sur le pays.
M. K./M. S.
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