Ce que l’envoyé personnel de Donald Trump a dit à ses interlocuteurs à Alger
Par Houari A. – La presse du Makhzen pavoise. Elle rumine avec une euphorie assumée les propos tenus par le sous-secrétaire d’Etat américain, David Schenker, à Alger. Ce dernier aurait clairement signifié à ses interlocuteurs algériens le soutien de son pays au plan d’autonomie proposé par le Maroc dans le dossier sahraoui et leur aurait «conseillé» de se mettre au diapason de l’évolution de la situation dans la région, entendre de rallier le camp des pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël.
Les médias algériens se sont, eux, concentrés sur le démenti de l’envoyé spécial de Donald Trump relatif au projet d’établissement d’une base militaire américaine au Sahara Occidental. Cette fixation sur ce point, selon les médias du Makhzen, visait à occulter la déclaration de Schenker sur les deux autres questions. Ni le ministère des Affaires étrangères ni l’agence officielle APS n’ont fait état des deux sujets auxquels l’ensemble de la presse marocaine a accordé un intérêt particulier, tant il sert les thèses de Rabat. Il va de soi que les deux parties ont abordé les sujets qui fâchent. Les pragmatiques Américains ne faisant pas dans la demi-mesure quand il s’agit de défendre leurs intérêts et les intransigeants Algériens ni ne cédant au chantage ni ne se laissant impressionner par quelque menace.
Algeriepatriotique avait indiqué, la veille de la visite du responsable américain à Alger, qu’il était un affidé du lobby pro-israélien aux Etats-Unis et un fervent défenseur de l’Etat hébreu dans le cadre de l’AIPAC, l’organisation sioniste la plus influente au monde. Or, le contexte dans lequel David Schenker s’est rendu dans notre pays, dans un périple qui l’a conduit en Jordanie et au Maroc, fait que l’ordre du jour de sa visite ne pouvait que concerner le plan élaboré par Washington qui vise à briser l’isolement d’Israël dans le Grand Moyen-Orient dont l’esquisse est en train de transparaître au travers de l’abdication des Etats arabes l’un après l’autre.
Jared Kushner, le conseiller et gendre du président américain sortant et principal architecte du plan de normalisation avec Israël, avait lancé une menace à peine voilée, à partir de Tel-Aviv, en direction de l’Algérie qu’il avait pressée, sans la citer nommément, de prendre exemple sur le Maroc voisin car c’est, selon lui, le seul chemin à suivre dans la conjoncture actuelle. Un coup d’épée dans l’eau, constatent de nombreux observateurs persuadés que le legs de Donald Trump sera vite enterré par Joe Biden qui occupera le Bureau ovale ce 20 janvier.
Si la nouvelle administration ne remettra pas en cause les pactes de reddition signés par les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, il n’est pas certain qu’elle maintienne la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, Joe Biden ayant lui-même dénoncé la violation des résolutions internationales par son prédécesseur dont il est demandé la destitution à quelques jours de la passation de consignes.
Les «suggestions» de David Schenker aux autorités algériennes ne sont donc d’aucun effet. Autrement dit, c’est entré par une oreille et sorti par l’autre. Quant au Makhzen, il n’a pas fini de subir les contrecoups de son allégeance à un président américain qui termine son mandat sur une incitation à la guerre civile dans son propre pays et qui risque, dit-on, de finir en prison pour cela.
H. A.
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