Envahissement du Capitole par les partisans de Donald Trump : la piste italienne
De Rome, Mourad Rouighi – Si les événements de Washington ont marqué les esprits du monde entier, à Rome, les milieux informés parlent de plus en plus du rapport transmis par la police fédérale au FBI et dont le contenu porterait sur une piste italienne, liée à l’ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon.
En effet, trois jours avant l’assaut du Congrès américain et l’appel à bloquer par tous les moyens la proclamation de la victoire de Joe Biden, l’ancien nonce Carlo Maria Vigano – l’ennemi juré du Pape François 1er et soutien du président américain sortant – a accordé le 1er janvier un long entretien avec Steve Bannon, publié le 3 janvier sur Lifesite et relayé en Italie par Stilum Curiae, dans lequel il encourageait les «enfants de la lumière» à agir «maintenant» sans tarder.
Avec un mot d’ordre clair : Si les Etats-Unis ratent cette opportunité maintenant, ils auront raté le train de l’histoire.
Dit plus clairement, s’ils permettent l’idée que le verdict électoral des citoyens, première expression de la démocratie, puisse être manipulé et contrecarré, ils seront complices de la fraude et mériteront de devenir la risée du monde entier, qui considère l’Amérique comme une nation qui a conquis et défendu sa liberté.
Cette interview qui aurait enclenché les événements du Capitole, selon la police fédérale, et une vidéo publiée par Steve Bannon et supprimée par la suite, dans laquelle il propose la «décapitation de l’immunologue Anthony Fauci» font partie d’un dossier qui le cible désormais directement, à quoi s’ajoute une enquête déjà en cours pour détournement de fonds liée à la collecte de fonds pour la construction du mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique, qui avait conduit à son arrestation puis à sa libération sous caution.
Et première mesure le touchant dans le cadre de la chasse aux souverainistes lancée au lendemain des faits du 6 janvier dernier, la décision avant-hier de Youtube de supprimer complètement son podcast «War Room» de sa plateforme, pour je cite, incitation à la violence et à la mise en danger de l’ordre public.
Son associé britannique Benjamin Harnwell, qui gère en ce moment la Chartreuse de Trisulti, située à 80 km de Rome, a été averti qu’il a été mis fin à la chaîne War Room de Steve Bannon et à celle qui lui était associée pour avoir enfreint à plusieurs reprises les règles de cette communauté.
En particulier, on lui a signifié que les vidéos avec un contenu trompeur sur des allégations de fraude et des erreurs qui auraient changé le résultat des élections présidentielles sont en violation des règles et feront partie du dossier d’inculpation que le Congrès est en train de préparer contre Donald Trump et son fils, Rudi Giuliani et Steve Bannon.
Ce même avocat a été informé ces derniers jours par l’Association des amis de la Chartreuse de Trisulti que le ministère du Patrimoine culturel italien maintient le cap et confie désormais le dossier – devenu intenable sur le plan de la bienséance politique – au Conseil d’Etat, qui vient de fixer le débat sur l’affaire dite Université des Souverainistes que devait accueillir précisément la Chartreuse au 18 février 2021 et ce, sur fond de changement de cap à Washington et volonté d’en découdre, voire en finir, avec le gourou de la droite trumpienne.
C’est dire qu’à Rome on suit avec grand intérêt le feuilleton des derniers jours de Donald Trump qui promet d’autres croustillants épisodes.
M. R.
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