Deux journalistes accusent l’Algérie de les avoir fait licencier de radio Beur FM
Par Houari A. – Le licenciement de deux animateurs de la radio Beur FM a été accueilli par des articles critiques dans les médias israéliens et marocains, et pour cause. Les journalistes remerciés ont été sanctionnés pour avoir «rencontré l’ambassadeur d’Israël à Paris», selon la version i24 News. Mais est-ce la véritable raison ? Rejoint par les sites marocains pro-Makhzen qui en font des gorges chaudes, le média israélien, qui se réfère au magazine socialiste français Marianne, premier à avoir relayé l’information, fait parler une des deux «victimes» : «On avait fait le choix de proposer une émission de débat ouverte et sans tabou. Aujourd’hui, c’est la stupéfaction et le dégoût», réagit-elle, après cette «injustice».
Seulement, la direction de la radio qui subit les tirs nourris de partisans de la normalisation ne l’entendait pas de cette oreille. Loin d’ignorer l’influence du lobby sioniste qui a infiltré tous les médias en France, celle-ci a réagi à temps pour stopper nette une manœuvre dont elle a subodoré les relents et empêché à temps que les antennes de la radio servent de relais au plan de normalisation échafaudé à Washington et Tel-Aviv. La riposte est vite trouvée pour pointer un doigt accusateur en direction de la directrice de Beur FM qui aurait «cédé aux pressions» d’une «minorité agissante sur les réseaux sociaux qui se revendique antisioniste mais qui, en réalité, est antisémite». Le mot est lâché.
Il aurait été anormal que la direction de la radio en question ne soit pas taxée d’une telle infamie dans ce cas de figure. Refuser une émission sur la normalisation et sanctionner deux journalistes pour avoir sollicité une audience à l’ambassadeur de l’Etat hébreu allaient forcément donner lieu au verdict habituel dans ce genre de situation : l’accusation d’antisémitisme brandie à tort et à travers pour justifier un bannissement du paysage médiatique français. Faut-il s’attendre à des représailles contre cette radio ? Il ne faudrait pas s’en étonner, estiment des sources informées à Paris, selon lesquelles le tintamarre fait par les médias français socialistes, sionistes israéliens et normalisateurs marocains augure d’une campagne qui risque de «coûter cher» à Beur FM. «En France, on ne badine pas avec le sionisme», insistent ces sources.
L’orientation de l’émission interdite par la radio a été révélée – lapsus ? – par un des deux journalistes licenciés : «Il y a en France une forte communauté maghrébine et une forte communauté juive […], la symbolique d’un tel accord (la normalisation, ndlr) peut jeter des passerelles», a-t-il fait savoir, en indiquant qu’il s’est «fait lyncher» sur les réseaux sociaux.
Les médias marocains y ont mis leur grain de sel en mettant en avant une «ingérence» et un «antisémitisme par ricochet», allusion à une supposée intervention de l’Algérie pour interdire l’émission. «On s’interroge sur la censure que l’on subit. Comme je le dis dans Marianne, je me pose la question suivante : sommes-nous […] victimes […] d’une ingérence étrangère algérienne pour éviter de parler du Maroc ?» Ce à quoi la directrice de la radio répond du tac au tac : «En 35 ans, nous n’avons jamais cédé à la moindre intimidation de qui que ce soit.»
H. A.
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