L’histoire de l’Algérie expliquée à Benjamin Stora : les massacres du 8 Mai 45 et les milices juives
Contribution de Khaled Boulaziz et Kaerdin Zerrouati – «Si le peuple algérien a regretté votre silence, il a apprécié la prise de position anticolonialiste des prêtres catholiques, comme ceux notamment des zones de guerre de Montagnac et de Souk Ahras, et même de l’archevêché qui, pourtant, dans un passé récent, s’identifiait encore à l’oppression coloniale.» (FLN, lettre aux Israélites d’Algérie, le 1er octobre 1956).
Le 8 mai 1945, la France métropolitaine était absente de l’Algérie. Ce jour-là et au cours des semaines qui suivirent, 45 000 Algériens furent assassinés non pas par la France, mais au nom de la France. Un crime contre l’humanité dont la trame peine à révéler ses secrets jusqu’à présent.
Pour comprendre, il faut revisiter l’histoire de l’Algérie, mais pas celle écrite par Benjamin Store et consorts.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l’Allemagne occupa la France en lui laissant une partie de son territoire en administration sous l’autorité du maréchal Pétain et supervisée par le commandement allemand.
Quant à l’empire colonial français de l’époque et l’Algérie en particulier, l’Allemagne en relégua la gestion à Vichy. Avec l’abrogation du décret Crémieux, le 7 octobre 1940, les juifs d’Algérie perdirent la nationalité française.
Dans les grandes villes algériennes, la fin de l’année 1940 vit, dans le grand secret, la constitution de milices armées recrutant essentiellement parmi les civils de la communauté juive algéroise. Fédérées autour des tristement notoires André Achiary(1), Roger Carcassonne(2) et José Aboulker(3), elles rejoignirent le 8 novembre 1942, sous le nom de code «Opération torch», le débarquement des troupes américaines en Algérie, à Sidi Ferruch(4).
Le débarquement fut aussitôt suivi par un putsch organisé par ces mêmes milices armées sous le sinistrement funeste Groupe Géo-Gras. Leur action fut décisive dans le renversement des responsables militaires et civils locaux de Vichy suite à la prise de points névralgiques de la capitale Alger(5).
Mettant fin à la fiction d’une zone «libre», et en représailles, les Allemands occupèrent la totalité du territoire français le 11 novembre 1942. Le régime de Vichy s’est maintenu en France jusqu’au mois d’août 1944. En Algérie, une confusion générale y régna durant.
La France, qui n’existait que par un gouvernement provisoire dirigé par le général De Gaulle, n’avait aucune prise sur ce qui se passait réellement en Algérie.
Le 22 octobre 1943, le décret Crémieux fut rétabli. A partir de ce moment-là, l’Algérie n’était plus dirigée par la France métropolitaine, mais par des milices armées au nom de la France, dont les chefs y régnèrent en maîtres absolus.
Messali Hadj était en résidence surveillée au Congo-Brazzaville. Des militants du PPA organisèrent le 1er mai et le 8 mai 1945 des manifestations pour demander sa libération.
Il faut rappeler que Messali revendiquait, dans son programme, l’indépendance de l’Algérie. C’est pourquoi les manifestations du PPA ne pouvaient être tolérées, ni par les colons ni par les milices juives armées qui avaient organisé le putsch pour se séparer de l’Etat français.
Le prétexte fut tout trouvé, et André Achiary, l’un des chefs du putsch d’Alger, se chargea de «rétablir» l’ordre dans l’Algérie «française». Le groupe pris alors le soin de s’éloigner d’Alger pour agir loin des regards et éviter les témoignages pour s’en aller organiser son génocide dans l’Est algérien.
On sait aujourd’hui que ce trio de conjurés, constitué d’André Achiary, de Roger Carcassonne et de José Aboulker, ne faisait nullement confiance au général De Gaulle quant au sort à réserver au territoire algérien. D’où l’idée de lui forcer la main et le mettre devant le fait accompli lorsque, fier de lui, le général Raymond Duval à qui avait été confiée la mission de «maintien de l’ordre» par le trio génocidaire, aidé par les milices juives, a déclaré à l’adresse des pieds-noirs : «Je vous ai donné la paix pour dix ans !»
Toute la longue période de la colonisation de l’Algérie fut gérée de la même manière, c’est-à-dire par les colons qui y faisaient la pluie et le beau temps au nom de la France. D’une part, cet état de fait trouve, dans une certaine façon, une explication au silence assassin suite à l’appel du FLN à la communauté israélite durant la Guerre de libération. D’autre part, tout le monde se rappelle la tentative de putsch du général Salan en avril 1961. Il était calqué sur le même mode opératoire que le putsch de 1942 organisé par les milices juives de José Aboulker.
Sauf qu’en 1961 De Gaulle ne dirigeait plus la France de façon «provisoire», comme en 1945, mais d’une main de fer et avec toute l’autorité d’un chef d’Etat. C’est pourquoi l’aventure de Salan échoua.
Ceci pour dire que fort de tous ces éléments de l’histoire, Emmanuel Macron a pu, à juste titre, qualifier la colonisation de «crime contre l’humanité». Mais il s’est abstenu de nommer ouvertement les milices armées essentiellement juives qui agirent au nom de la France, et furent pleinement engagées dans les massacres du 8 mai 1945 à l’est du pays.
D’ailleurs, bien plus tard, un personnage de la politique française, dans un autre contexte, a nuancé cette différence par cette phrase devenue célèbre : «Responsable mais pas coupable.» Comme ce n’était pas la première fois que la France devait endosser des actions «empruntées».
Pour la nation algérienne, dans tous les cas, la responsabilité de l’Etat français reste pleinement engagée et entière.
En 1830, la prise d’Alger et ensuite la colonisation de l’Algérie étaient l’œuvre de Bacri et de Bouchnaq, deux associés juifs dans le négoce au profit de banques israélites, qui ont induit en erreur le dey d’Alger, avec la complicité de Talleyrand.
C’est exactement avec la même perfidie et le même écran de fumée que les massacres des 45 000 Algériens le 8 mai 1945 furent organisés et exécutés.
Ce qui ne dédouane en rien l’Etat français. Mais pour les Algériens, cela permet une plus grande maîtrise dans l’étude de l’histoire de la colonisation de l’Algérie afin de cerner les responsabilités de tous les belligérants, chose essentielle pour démêler la trame des cabales actuelles contre notre nation.
Ces cabales sont inscrites dans une logique haineuse et meurtrière de l’ennemi d’hier, l’ennemi d’aujourd’hui, c’est-à-dire l’ennemi de toujours.
K. B./K. Z.
1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Achiary
2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Carcassonne_(r%C3%A9sistant)#Le_putsch_manqu%C3%A9_et_l’assistance_au_d%C3%A9barquement
3- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Aboulker
4- First Blood in North Africa: Operation Torch and the US Campaign in Africa in WWII.
Jon Diamond
5- https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_G%C3%A9o-Gras#Camps_d%E2%80%99internement_vichystes_et_assassinats_du_FLN
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