Une militante juive dévoile les dessous du prétexte antisémite brandi en Europe
Par Nabil D. – Michèle Sibony a révélé la stratégie qui se cache derrière le concept d’antisémitisme brandi par Israël et par l’Union européenne à chaque fois que l’Etat hébreu est dénoncé. Intervenant dans l’émission «Interdit d’interdire» de Russia Today, la militante pacifiste française a dénoncé le fait qu’on ne puisse pas évoquer les abus du régime de Tel-Aviv à l’encontre des populations palestiniennes. «Tout ça, il ne faut pas en parler. Donc, on va parler d’antisémitisme et d’antisionisme. C’est une stratégie et nous en avons toutes les preuves. Celui qui veut lire et veut le savoir, le sait», a-t-elle dit.
Membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Michèle Sibony a répondu aux partisans du sionisme, en déclarant qu’«au fond, vous êtes en train d’aborder un des phénomènes qui, pour moi, est producteur aussi d’antisémitisme : on parle d’Israël en tant qu’exception, l’Etat paria parmi tous les Etats, c’est le seul qui est désigné, c’est terrible, etc.». «Entrez sur le site de l’Union européenne à la rubrique Sanctions. Il y a des dizaines de pays du monde qui sont sanctionnés par l’UE avec des sanctions très diverses, militaires, financières, économiques, etc. Alors, pour le coup, il manque quelqu’un, Israël n’est pas sanctionné du tout par l’Union européenne», a-t-elle fait remarquer, non sans ironie.
«Là, par exemple, on a une forme d’exceptionnalité, donc je crois qu’il faut aussi raison garder», a-t-elle ajouté. «Je comprends que l’on puisse être, quand on est juif, persuadé que la souveraineté nationale juive unique est quelque chose de fondamental. Il se trouve que je suis juive aussi, donc je sais que – si j’ose dire, j’ai juste envie d’évoquer mon père – je sais ce que ça signifiait pour lui, le fait qu’il y ait quelque part dans le monde un Etat juif, après la guerre, après la colonisation française, je sais ce que ça signifiait pour lui et je le comprenais», a-t-elle insisté, avant de préciser le fond de sa pensée : «Pour moi, et sans doute pour beaucoup d’antisionistes comme moi, cette compréhension-là, elle s’arrête au moment où, pour réaliser ce projet national – qui peut être légitime, après tout, sur un territoire vide d’habitants – on s’en prend à un peuple qui n’a absolument rien à voir avec toute cette histoire juive et qui est progressivement écrasé depuis près d’un siècle dans le silence.»
«Comment expliquer qu’il y a 7 000 prisonniers dans les prisons israéliennes, dont des enfants, qu’il y a des tortures pratiquées ? Comment expliquer qu’un million et demi de personnes vivent à Gaza dans des conditions de vie absolument infernales, sous blocus, sous un siège scandaleux avec, aujourd’hui, une eau qui n’est plus potable ?» s’est indignée Michèle Sibony dont il y a peu de chance d’entendre la voix discordante sur les médias dominants en France ou ailleurs en Occident.
N. D.
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