Le magazine britannique The Economist : «La France est une démocratie défaillante»
Par Mrizek Sahraoui – Oui, la France est en train de défaillir, à en croire le classement 2020 du Democracy Index Report, le rapport annuel publié le 4 février dernier par le magazine britannique The Economist. Le pays des droits de l’Homme pointe au 24e rang sur 167 pays. Cette étude conclut que la France est une «démocratie défaillante» sur la base de 60 critères répartis en cinq catégories : processus électoral et pluralisme, libertés civiques, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique.
La rapport du magazine britannique est passé presque inaperçu, n’ayant fait ni la Une des médias, ni même suscité un quelconque intérêt des chroniqueurs-producteurs de polémiques stériles. Le sujet est pourtant important. Bien plus que ne l’est, par exemple, la sortie pour le moins délirante du professeur de philosophie dans un lycée à Trappes en mal de notoriété qui a fait, en milieu de la semaine qui s’achève, tous les plateaux télé où il a juré sur tous les saints auxquels il croit que la ville de Trappes est désormais sous l’«emprise islamiste».
Alors que les libertés ne cessent d’être malmenées, à cause des restrictions adoptées à la suite de l’irruption de la pandémie, justifient certains médias dont la porosité avec le pouvoir politique n’est plus à démontrer, il s’en trouve d’autres, comme ce philosophe qui rappelle d’autres philosophes, spécialisés, eux, dans le lucratif business des guerres clés en main, pour créer la diversion en désignant des coupables qu’ils disent de plus en plus conquérants en passe d’islamiser la France chrétienne.
Les manœuvres florentines du philosophe de la paisible ville de Trappes, ville ressemblant plus ou moins à toutes les villes de France avec une densité et une mixité sociale équivalentes, que l’on fait passer pour de la défense des valeurs républicaines, médiatiquement orchestrées par lui-même et par tous les carillonneurs habitués à battre, comme à chaque événement, la cloche de division pour donner l’alerte sur le péril du grand remplacement, ravivent le souvenir de l’époque où l’on surnommait Marseille «la 49e wilaya». Plusieurs décennies et autant de temps d’élucubrations plus tard, la Cité phocéenne demeure toujours sous administration française, avec son vivre-ensemble à la marseillaise, une réalité tangible plus qu’un mythe, et ses extrémistes de tous bords.
Comme partout ailleurs.
M. S.
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