Nouvelle pétition en France pour faire disparaître le «bourreau des Algériens»
Par Houari A. – Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire, et M’hamed Kaki, président de l’association Les Oranges, ont lancé une pétition adressée à l’Etat français pour que «pas une rue, pas une avenue, pas une école» ne porte le nom du maréchal Bugeaud, «bourreau des Algériens et ennemi de la République». Les auteurs de la pétition estiment que les statues du gouverneur général de l’Algérie durant les premières années de l’occupation française « doivent disparaître».
«Bugeaud, ce sont les enfumades recommandées à ses officiers en des termes très clairs sur le but poursuivi : la destruction physique des indigènes», soulignent Le Cour Grandmaison et Kaki qui rappellent que Bugeaud a donné l’ordre à ses subalternes de «fumer à outrance comme des renards [ces] ces gredins [s’ils] se retirent dans leurs cavernes». «Saint-Arnaud, Montagnac et Pélissier, pour ne citer que ceux-là, se sont exécutés avec zèle. En particulier le colonel Pélissier qui, le 18 juin 1845, a anéanti une tribu entière – celle des Ouled Riah – dont les membres désarmés s’étaient réfugiés dans les grottes du Dahra, proches de Mostaganem», poursuivent-ils.
«Bilan : près de mille morts. Bugeaud : bourreau des indigènes algériens qu’il a massacrés, déportés et razziés en détruisant parfois complètement leurs oasis et leurs villages livrés aux flammes de ses colonnes infernales ? Assurément. Il fut aussi un ennemi acharné de la République qu’il a combattue les armes à la main pour défendre la monarchie de Juillet. Vaincu, il a poursuivi la bataille en rédigeant un traité de la guerre contre-révolutionnaire en milieu urbain», rappellent encore les auteurs de la pétition, selon lesquels donner son nom à des rues ou à des écoles est «une insulte permanente à l’émancipation des peuples et aux Algériens en particulier, et à la République qu’il a toujours haïe». C’est aussi «une offense inacceptable faite aux héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale victimes de discriminations mémorielles qui s’ajoutent à toutes celles qu’ils subissent par ailleurs», concluent Olivier Le Cour Grandmaison et M’hamed Kaki.
Ce n’est pas la première fois que des voix s’élèvent en France pour retirer les statues de ce criminel de guerre. En 2017, des anticolonialistes avaient appelé à se défaire des statues et des plaques en l’honneur de ce maréchal et de revenir sur les non-dits du passé colonial français. De nombreux internautes l’avaient désigné comme une «grosse crapule», un «boucher en uniforme», un «criminel de guerre qui ne mérite ni statue ni rue à son nom en France».
En 2019, l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie demandait à la maire de Paris de retirer le nom de Bugeaud d’une avenue de la capitale française. Dans un message posté sur les réseaux sociaux, le chroniqueur exhortait Anne Hidalgo de débaptiser cette rue du fait des enfumades pratiquées à l’encontre des populations algériennes durant la colonisation. «Et, donc, il existe une avenue Bugeaud à Paris 16, du nom du maréchal auteur des odieuses enfumades en Algérie, qui scandalisèrent les Français à l’époque et que défend aujourd’hui Eric Zemmour !» avait ironisé Jean-Michel Aphatie, avant de s’interroger : «Quand donc Anne Hidalgo va-t-elle débaptiser cette avenue hideusement nommée ?»
H. A.
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