Les députés «élus» par la fraude vont-ils continuer à toucher leur indu salaire ?
Par Mohamed K. – De nombreux observateurs sont montés au créneau pour se demander si les députés qui ont siégé au Parlement croupion depuis 1999 vont continuer de toucher leur salaire bien qu’ils soient tout aussi coupables d’avoir bénéficié des indus avantages pour lesquels des ministres et des hommes d’affaires ont été jugés et emprisonnés. Des internautes se sont même amusés à calculer ce que l’Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation ont coûté au contribuable et à quoi tout cet argent aurait pu être dépensé dans des projets autrement plus utiles pour le pays.
Pis, estiment ces observateurs, les milliards dépensés pour le confort de ces députés et de ces sénateurs tout au long du règne de Bouteflika ont servi à entretenir le système, aujourd’hui décrié aussi bien par le mouvement de contestation populaire que par les nouveaux détenteurs du pouvoir, au premier rang desquels le président Tebboune lui-même qui s’échine à effacer toute trace de son prédécesseur, en raison des graves dommages qu’il a causés à l’Algérie.
Comment se peut-il que ceux qui ont voté toutes les lois scélérates et approuvé à la quasi-unanimité tous les amendements apportés à la Constitution qui ont permis à Bouteflika de briguer un troisième et un quatrième mandats et qui allaient le faire président à vie puissent continuer de percevoir un salaire ? C’est inadmissible, protestent les citoyens qui ont applaudi la dissolution de l’APN des deux mains, mais qui s’interrogent sur l’intérêt d’une telle institution si celle-ci était mal élue en mai ou en juin prochains. C’est tout le problème qui se pose actuellement. Un boycott massif comme celui qui a marqué l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 remettrait sérieusement en cause la légitimité du pouvoir législatif, d’autant que le Hirak semble renaître de ses cendres et pourrait se poursuivre de longs mois encore, sans qu’un compromis puisse être trouvé pour transcender cette crise politique qui dure depuis deux ans.
Les procès intentés à de nombreux dignitaires du système ont démontré que des sièges de députés et de sénateurs étaient achetés, tandis que la majorité des «élus» étaient cooptés dans un jeu d’équilibre qui devait maintenir les deux piliers du système Bouteflika, le FLN et le RND, dans leur position de majorité absolue, auxquels avaient été adjoints des partis lilliputiens pour élargir le spectre des courants politiques aux démocrates (le MPA d’Amara Benyounès) et aux islamistes (Taj d’Amar Ghoul). S’il est impossible de faire le procès de tout un système aux intrications tentaculaires, il n’est pas logique que les figurants qui lui ont permis d’enregistrer un tel record de longévité et qui en ont profité à outrance soient rémunérés pour cette complicité avérée qui a mené le pays à sa ruine, dénoncent les Algériens, qu’ils soient pro-Hirak ou non.
M. K.
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