Les dernières décisions du président Abdelmadjid Tebboune sont inédites
Contribution de Karim Kahoui – Si la distance et le recul ne permettent pas ou prou de mesurer à leur juste valeur les dernières décisions du président Abdelmadjid Tebboune, le temps nous dira qu’elles ont été inédites, historiques et pleines de sens, à la fois dans la forme et dans le fond et ce, depuis l’indépendance de l’Algérie.
S’agissant de la forme, le président de la République algérienne a paru serein et apaisé, s’exprimant en dialecte algérien, non pour se faire comprendre par tous les Algériens, comme avaient essayé de l’expliquer certains observateurs car d’aucuns savent que désormais tous les Algériens lisent, écrivent et comprennent la langue arabe classique, mais pour souligner l’importance que requiert une communication établie et sérieuse. Le Président a évité de s’exprimer en langue arabe classique, non qu’elle ne serait incomprise par tous les Algériens, cela est complètement faux et mérite d’être souligné plus d’une fois. La vérité est que le parler vrai en Algérie se traduit souvent, voire toujours en arabe dialectal, autrement dit parler algérien, c’est parler vrai.
Tebboune a parlé vrai, en évitant les discours diarrhéiques longs et ennuyeux, jadis la marque de fabrique de son prédécesseur Bouteflika. Il a choisi aussi de ne pas devoir lire le prompteur pour paraître pompeux et intellect, voire barbant et crispé. Ce qui est certain, c’est qu’il a préparé doctement sa communication, a pris des notes et s’en est tenu à ses notes.
Autrement dit, le message du président Tebboune était clair, net et précis, «non seulement je vous écoute mais je parle aussi le même langage que vous». Tenter d’en dire davantage sur la forme, ce serait de la malhonnêteté intellectuelle et la pure mauvaise foi.
Pour ce qui est du fond, jamais un chef d’Etat algérien depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, n’a eu à prendre autant de grandes décisions à la fois. Tebboune a annoncé la dissolution du Parlement et la tenue d’élections législatives endéans quelques mois. Il a promis le remaniement du gouvernement endéans les 48 heures, il a annoncé une grâce de tous les prisonniers d’opinion en deux vagues, la première vague a déjà eu lieu durant les dernières 24 heures qui ont suivi l’intervention télévisuelle du Président.
Ces mesures sous-entendent que dans l’intervalle, le président de la République va légiférer par ordonnance, en cas de besoin, pour l’exécution de son programme ou de certaines mesures qui sont normalement du domaine de la loi, cette procédure est autorisée et prévue par la Constitution algérienne, à condition que cette situation ne s’étale dans le temps.
Le président de la République savait que la plupart des membres de l’actuel gouvernement avaient été «dénichés» dans la hâte ; d’ailleurs, certains d’entre eux ne méritent même pas le poste de secrétaire administratif dans une Assemblée populaire communale. Ce remaniement est un signal clair pour apaiser le peuple et pour dire son mea culpa, en débarrassant déjà le gouvernement des éléments les plus médiocres, ceux que l’on considère comme étant des erreurs de casting. Gageons que le prochain gouvernement, dont en principe la durée de vie ne dépassera pas quelques mois, soit moins bras cassés, moins populiste, plus compétent et plus honnête.
Enfin, la décision de gracier tous les prisonniers d’opinion est aussi sans précédent. Le tout à présent est de verser dans la critique constructive au lieu de l’insulte et la diffamation. La révolution est, en effet, un fait soudain mais pour réaliser ses objectifs, elle se décline par étapes progressives et réfléchies pour barrer la route aux faux révolutionnaires, aux faux hirakistes et aux extrémistes de tous bords.
La balle est dans le camp de la vraie opposition, elle est appelée à prendre ses responsabilités puisque la porte est désormais grande ouverte à toutes celles et à tous ceux qui veuillent bien mettre le pied à l’étrier afin de construire une Algérie moderne et démocratique, qui sache retrousser ses manches pour asseoir de véritables stratégies de développement économique, éducationnelle, technologique et sociétale dans une configuration de prospérité et de stabilité de l’Algérie.
W. K.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
Comment (26)