Le taux d’alphabétisation est bien plus élevé au Sahara Occidental qu’au Maroc
Contribution de Mohamed Brahim Zenan (*) – Le 27 février 2021, le peuple sahraoui souffle la quarante-cinquième bougie de l’existence de son Etat, la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Cet anniversaire est différent à bien des égards de tous les précédents, compte tenu non seulement des circonstances dans lesquelles il s’inscrit, mais surtout du fait de sa coïncidence avec la proclamation de la RASD le 27 février 1976.
Coïncidence ou pur hasard, cette commémoration intervient après novembre dernier, quatre mois après la troisième invasion marocaine du territoire libéré de Guergarate, tout comme la première invasion lors des accords de Madrid du même mois en 1975, soit quatre mois avant la proclamation de la RASD. La deuxième invasion, on s’en souvient, eut lieu en 1979 au lendemain des accords de paix avec la Mauritanie, aux termes desquels cette dernière a rétrocédé au Front Polisario la partie sud qu’elle occupait illégalement du Sahara Occidental. Après 45 années de cumul de résistance et de victoires sur tous les fronts, l’heure est au bilan.
Malgré l’occupation illégale d’une partie de son territoire par le Maroc qui jouit de la complicité engagée de la France et de l’Espagne, la RASD s’est imposée sur la scène internationale comme un facteur d’équilibre et de stabilité dans la région nord-ouest africaine.
Dotée d’instruments et d’institutions inhérents à tout Etat indépendant et souverain, la RASD exerce pleinement sa souveraineté sur plus de 30% de son territoire, dispose d’une Constitution qui régule les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Depuis la proclamation de la RASD, les autorités sahraouies ont accordé une priorité particulière à l’éducation et à la santé, outre d’autres structures socioéconomiques pour répondre aux besoins immédiats de la population.
Au plan de l’éducation, tous les jeunes de moins de 45 ans sont passés par un enseignement gratuit et obligatoire avec des niveaux variant de fin d’études primaires à l’université, alors que l’autre frange de la population a bénéficié de campagnes d’alphabétisation estivales de sorte qu’aujourd’hui 99% de la population savent lire et écrire.
La santé basée sur la prévention a joui, elle aussi, du même effort concomitant que l’éducation à travers l’existence de dispensaires locaux et régionaux ainsi que l’institution dans toutes les municipalités de comités de santé relevant du ministère de la Santé publique, ayant pour rôle de veiller sur l’hygiène de l’environnement et la sensibilisation périodique sur les maladies.
Grâce à cette politique sanitaire, les campements des réfugiés sahraouis et les territoires libérés de la RASD ont été à l’abri de la pandémie du Covid-19 dès son début. On n’y a enregistré jusqu’à présent que 6 décès, 40 infectés et 33 rétablis alors que dans la plupart des pays du monde, entre autres les plus développés, les victimes se comptent malheureusement par dizaines de milliers.
Le taux de médecins qualifiés tant aux campements des réfugiés qu’en territoires libérés de la RASD représente 1/1000 sans compter le corps paramédical dont la plupart sont formés sur le terrain.
Militairement, la RASD s’est distinguée comme une puissance continentale qui a son poids et son mot à dire dans la région. Elle compte sur une armée de libération nationale aguerrie, entraînée, maîtrisant l’art et les techniques de combat avec une riche expérience enseignée comme modèle dans les hautes écoles militaires étrangères. C’est, d’ailleurs, cette armée sahraouie qui a contraint, dans les années 1980, le Maroc en déroute militaire à faire appel à l’ONU pour signer un plan de paix avec le Front Polisario, le 29 avril 1991.
Après sa violation flagrante du cessez-le-feu en novembre dernier, le Maroc, de nouveau, trouva devant lui sur les premières lignes de combat l’armée de libération sahraouie qui ne finit pas de le harceler et de lui infliger de lourdes pertes en vies humaines et matérielles, suite à quoi il lança un SOS à l’intervention israélienne et au financement des pays du Golfe.
Sur le plan international, la RASD est une réalité tangible, incontournable. Membre fondateur de l’Union africaine, elle participe à tous les forums et conférences internationaux sponsorisés par l’organisation continentale.
Somme toutes, elle est reconnue de jure par plusieurs dizaines de pays dans le monde et entretient des relations diplomatiques suivies avec eux au niveau d’ambassadeurs, tout en étant omniprésente dans la plupart des pays européens à travers des représentations du Front Polisario.
Pour l’avènement d’une solution politique, juste et définitive du conflit, l’ONU devrait-elle attendre encore que l’Armée de libération sahraouie fasse, comme par le passé, dans les années 1980 du siècle dernier, 3 000 prisonniers dans les rangs de l’armée marocaine pour qu’elle intervienne de nouveau, faisant valoir la nécessité du retour au plan de règlement initial ? Pour y parvenir, il suffit tout simplement de respecter les règles du jeu prescrites par le droit international et sans cesse confirmées par les résolutions de l’ONU et de l’Union africaine (UA), de confier à la Minurso la surveillance des droits de l’Homme, d’impliquer la composante de l’UA dans le processus de paix et de donner des garanties concrètes au peuple sahraoui en fixant un délai précis pour la tenue du référendum d’autodétermination reporté sine die depuis trente ans.
M.-B. Z.
(*) Représentant du Front Polisario en Slovénie
Ndlr : le titre est de la rédaction. Titre originel : «La RASD facteur d’équilibre et de stabilité»
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